» Ce jour-là, j’ai compris ce qu’impliquait réellement mon mensonge: la certitude que je ne partagerais jamais rien avec personne. Ni le bonheur, ni le malheur. J’étais et je serais toujours seul »
C’est un des romans que l’actualité littéraire attend.
Karine Tuil n’en est évidemment pas à son coup d’essai: après 8 romans publiés chez Grasset (dont les Quand j’étais drôle et Six mois, six jours – voir chronique sur ce blog), elle nous revient avec un sujet puissant, celui de mensonge et de la trahison identitaire, pierre d’angle d’un édifice qui peut à tout moment imploser.
Evincé de sa liaison amoureuse avec Nina Roche par la tentative de suicide de Samuel Baron, leur ami commun, écrivain névrosé, en mal d’écriture, Samir Tahar, arabe de modeste condition, joue les cartes de l’ascension, de la réussite professionnelles et sociales. Profitant d’une confusion sur son appartenance à la communauté juive, il se fait engager dans un grand cabinet d’avocats, est envoyé de Paris à New York, fait sien le passé familial de Samuel, épouse la belle, intelligente, raffinée, ….irréprochable Ruth , fille du puissant, richissime homme d’affaires, Rahm Berg et lui donne deux (beaux) enfants.
Toute sa vie repose désormais sur une omission initiale et l’entretien perpétuel des mensonges qu’elle génère, dont le reniement de sa famille d’origine.
Mais le passé toujours revient et son amour pour Nina refait surface qui lui vaut un saut à Paris, des retrouvailles assez malsaines avec Samuel, l’ébauche d’une nouvelle et dangereuse liaison avec son amour de toujours.
Chirurgienne de l’âme et de ses mouvements, Karine Tuil analyse avec une minutie totale, sans concessions, les affres de l’imposture, de la conscience et du coeur, les rapports de castes entre les différentes communautés.
D’un scenario envoûtant, bien ficelé, pétri de rebondissements, elle construit un roman ..palpitant
AE
L’invention de nos vies, Karine Tuil, roman, Editions Grasset, août 2013, 494 pp, 20.9 €
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