» Dans la profession, on louait la juge Fiona Maye, même en son absence, pour la concision de sa prose mi-ironique mi-compatissante, et pour l’économie de moyens avec laquelle elle exposait un différend. »
Juge aux affaires familiales, la brillante Fiona veille en tous points, tous procès, à ce que soit respecté l« intérêt de l’enfant », ce mineur, dont elle doit trancher le destin.
Elle le fait avec probité et la maturité que lui confère son âge, sa longue pratique du métier et un investissement d’autant plus honorable qu’elle-même n’a pas d’enfant , subit, dans sa vie privée, l’effet d’usure du couple qu’elle forme avec Jack.
Sauver la vie de Mark aux dépens de celle de Matthew, son frère siamois, imposer à Adam Henry, bientôt majeur et leucémique, la transfusion sanguine de survie refusée par sa religion – il est témoin de Jéovah, …sont dilemmes présentés à sa conscience de magistrate mais aussi à son âme de femme. Et c’est là l’intérêt majeur de ce roman supérieur: les affres de décisions nous sont présentées dans le cheminement intégral, l’intimité de la pensée, des doutes, tout tenants et aboutissants confondus. Le cas d’Adam va l’affecter au-delà de la raison, impacter sa vie privée.
Porté par la diction magistrale de Marie-Christine Barrault, le texte est un monument d’introspection, d’humanité,
Je vous en conseille vivement l’audition
Apolline Elter
L ‘intérêt de l’enfant, Ian McEwan, roman traduit de l’anglais par France Camus-Pichon, lu par Marie-Christine Barrault, Ed. Gallimard-Ecoutez lire, juin 2018, 1CD MP3, durée d’écoute : 6h