Moi l’enfant loup, lion, chat ou singe, moi la bête et la belle, moi Madeleine Gonzalès, je suis un être réel sans historiographie et une créature de conte sans auteur, je suis une image et veux oublier que je suis morte; alors je dois me raconter moi-même afin d’incarner mon portrait en pied à l’âge de huit ans. »
S’il ne subsiste de Madeleine Gonzalès (+/- 1570- +/- 1640) guère qu’un portrait en pied ¨et capillarité, on ne peut qu’être happé par la démarche historico-romanesque de Mario Paso de lui prêter vie et voix, de dépasser un regard réduit à sa pilosité exubérante.
Fille de Catherine Raffelin et de Pedro Gonzalès, sauvage du Valois Henri II, atteint d’une hypertrichose universelle, Madeleine naît vers 1570, affublée de ce mal congénital, également nommé syndrome d’Ambras, en référence aux portraits de la famille accrochés aux murs du château d’Ambras (Tyrol autrichien).
Mario Pasa décide de la faire naître le 24 août 1572, fameuse Nuit de la Saint Barthelemy, de la confiner auprès d’Ambroise Paré ( 1509-10- 1590) le célèbre chirurgien anatomiste, tandis la peste sévit à Paris et de se voir portraiturer en présence de Catherine de Médicis.
Guère plus infante que sauvage, Madeleine nous livre son récit posthume de vie, prétexte à des rencontres de tout haute volée avec des personnages historiques.
Une démarche des plus gratifiantes
Apolline Elter
L’infante sauvage, Mario Pasa, roman historique, Ed. Actes Sud, janvier 2023, 224 pp