» Au bout du compte, les Français auront apprécié chez lui l’énergie, le mouvement, l’imagination, l’authenticité. Mais ils auront appris à se défier, voire à exécrer son impulsivité, sa logique de défi permanent, sa véhémence, et son inaptitude à maîtriser toujours cette majesté du verbe et du comportement qui sied à un monarque républicain. »
Magnifique, remarquable Catherine Nay, qui de sa plume journalistique, précise et percutante, trace le bilan fouillé d’un quinquennat présidentiel haut en couleurs, riche en actions et …réactions. Et le portrait, tout en finesse et contrastes, d’une personnalité fougueuse à qui rien ne fut, n’est et ne sera jamais pardonné.
De la soirée au Fouquet’s malencontreusement orchestrée par Cécilia à l’homme nouveau, quelque peu apaisé apparu à l’aube de 2010 et au candidat à l’élection présidentielle 2012, Catherine Nay analyse, avec force détails, la sarkologie d’un règne à l’aube d’un possible renouvellement. Une entrée en scène ratée avec fracas – le prêt du yacht de son ami Bolloré, les vacances américaines tentées pour sauver son couple d’une dérive inéluctable alimenteront à l’envi les indignations les plus ancrées – un deuil conjugal supporté avec panache, un remariage aussi fulgurant …qu’apaisant, le tandem paradoxal et fonctionnel formé avec François Fillon, l’influence de la nouvelle Première Dame sur son rythme de vie, l’admirable présidence de l’Union de » celui qui a offert à la diplomatie européenne « une visibilité inégalée » », le couple forcé formé avec Angela Merkel, le travail « herculéen » de la Réforme des Retraites.. sont tant de jalons d’une hyper-présidence pratiquée tel un « judo politique » par un être plus à l’aise en temps de crise que dans les circonstances de la vie ordinaire.
Doté d’une hypersensibilité, d’une force de travail , de compassion et d’un courage avéré, « Nicolas Sarkozy est toujours écartelé entre son statut de chef d’Etat, qui requiert hauteur et retenue, et son tempérament qui le porte à l’action et à l’engagement partisan. »
Les prochaines semaines démontreront si, dans le chef des électeurs, la reconnaissance pour le travail accompli l’emportera sur l’agacement né d’une certaine…impétuosité.
Une lecture hautement recommandée.
Apolline Elter
L’Impétueux. Tourments, tourmentes, crises et tempêtes, Catherine Nay, essai, Grasset, mars 2012, 684 pp, 22 €
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