« Est-ce qu’on guérit de soi? A part quand on meurt? «
Pénétrant – si l’on peut dire – l’âme de Wally Liberace (1919-1987), pianiste virtuose aux costumes extravagants et destin plus qu’énigmatique, Amanda Sthers ( Les Terres saintes, Le vieux juif blonde, ..) couche ce dernier sur le divan d’un psy et déroule, en cinq séances, le récit d’une vie américaine, farcie de drames et de paillettes.
Survivant, tel Elvis (Presley), à la naissance d’un frère jumeau- » Pareil, il est arrivé avec un jumeau mort comme hochet » -Liberace fera tôt valoir sa supériorité artistique, tentant de la sorte de transcender le cercle familial et les assauts d’une mère castratrice: « …je me suis laissé faire. J’ai vécu les vies qu’ils n’avaient pu avoir, Florence, George, Rudy, mon père, ma mère »
» Je pense que je n’ai pas vécu tant qu’elle respirait. Elle était de ces mères qui tuent leurs enfants, qui les dévorent. Tant elles les aiment. Tant ils prennent de place. »
Une vie sur fond de shows télévisés , de spectacles à Las Vegas, de drogue et d’homosexualité tenue cachée. Amateur d’éphèbes, il verra le visage de l’un de ses amants remodelé à son image par l’effet de la chirurgie esthétique: « Peu à peu, c’est comme si j’accouchais d’un fils » avant que de s’en séparer …
« J’aime le secret de l’homosexualité. Pas seulement parce que cela entaillerait ma carrière mais aussi parce qu’il en est une des jouissances. »
Brillant d’une couverture rose fluo, le récit d’Amanda Sthers éclaire d’une lumière crue les artifices d’une vie passée sous les feux des projecteurs.
Apolline Elter
Liberace, Amanda Sthers, Plon, oct 2010, 122 pp, 16 €
« Est-ce qu’on guérit de soi? A part quand on meurt? » : aaah superbes phrases et superbes questions également… Et tant qu’à faire : superbe blog aussi…