Le Festival de la Correspondance de Grignan vous propose, ce jour, une lecture-spectacle d’une oeuvre magistrale : « Comment j’ai vidé la maison de mes parents » de Lydia Flem
Mise en lecture par Marie-Armelle Deguy, en partenariat avec Le Jeune Théâtre National et l’Ecole supérieure d’art dramatique, la LS a lieu dans le Jardin du Mail, à 12h30, interprétée par Marie-Armelle Deguy, Zelda Perez et Alexandre Ruby.
L’occasion pour nous de reproduire, à votre attention, la chronique parue, en votre blog préféré, il y a quelques années:
« Je n’avais pas mis de point final à ma dernière phrase. Mon chagrin était encore trop vif, la perte trop écrasante. Je ne pouvais pas imaginer que ma peine se ferait petit à petit moins violente, qu’elle deviendrait une compagne apaisée, assourdie, faite de souvenirs et d’évocations réconfortantes. Le deuil n’était pas clos. J’en étais encore prisonnière. » C’est par ces phrases fortes que commencent Lettres d’amour en héritage, deuxième volet du somptueux Comment j’ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem, dont je vous avais parlé en octobre dernier.
De trois boîtes découvertes dans le grenier de ses parents décédés, Boris Flem et Jacqueline, « Jacky » Esser, l’écrivain, psychanalyste, extraie la correspondance amoureuse – pas moins de sept cent cinquante lettres – qu’ils échangèrent, trois ans durant, principalement de 1946 à 1949, au lendemain de la guerre, tandis qu’ils se promettaient l’un à l’autre et sa maman se battait contre une pleurésie purulente chronique contractée à Auschwitz.
« Je laissai passer de longs mois avant de me décider à ouvrir les boîtes et à commencer ma lecture. »
A travers ces échanges sur lesquels l’auteur se penche durant presque deux ans, avant de nous en livrer des extraits, de les commenter, elle revoit la relation qui l’a unie à ses parents et perçoit l’impact qu’aura eu leur couple sur son propre destin : « Cet amour contrarié par la maladie, mythe fondateur du couple de mes parents, m’avait donné la conviction que l’amour se gagne de haute lutte, qu’il ne va jamais de soi, qu’il est hérissé de difficultés et de contretemps, qu’il faut s’armer de patience et d’intelligence pour les vaincre, mais que ces obstacles lui donnaient aussi toute sa valeur »Et un peu plus loin : « Pourtant, être née de l’amour donne de la force, prédispose sûrement à répéter, dans sa propre existence, cet élan de vie et de confiance. » (p 97)
C’est sans doute pour comprendre ses parents, les « apprivoiser », leur offrir une revanche sur « un traumatisme (reçu) en héritage » que Lydia Flem a choisi la psychanalyse et nous offre, à nous lecteurs, de partager le fruit d’une réflexion, d’une maturité intense, nourrie.
Pour notre plus grande édification.
Une lecture précieuse, essentielle.
Apolline Elter
Lettres d’amour en héritage, Lydia Flem, Seuil, La Librairie du XXI e siècle, octobre 2006, 15 €.
je viens de lire « Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils » 😉
Chère Adrienne,
Vous avez bien fait! Comment se passe votre expérience du Festival?
J’ai rencontré Lydia Flem, hier, au terme de la rencontre – passionnante – « autour de Freud » Elle est à l’image de ses ouvrages: subtile, avenante, supérieure
Belle et chaleureuse journée,
Ap