» C’était l’illustration de ce qu’Alex désignait doctement par « la fin de l’ère des solidarités organiques.«
Réunis dans la propriété familiale de la Banèra et du décès de leur père et grand-père, Raoul Estienne, le « monsieur des brosses à dents », Jean-Michel, Hortense, Lucile et Alexandre interrogent leur vie, passé, enfance et les nombreux souvenirs attachés au lieu.
Chacun y va de son témpérament.
Jean-Michel, sexagénaire divorcé ne se voit pas vieillir dans la maison; il ne se voit pas vieillir du tout, du reste, ayant engrangé une relation avec Marine, de trente ans sa cadette.
Hortense est du genre battante: elle mène sa vie, son Hubert de mari, Jeanne et Léon, ses enfants, ainsi que sa prospère start-up, Clean & C° de magistrale main. Ses discours sont ponctués d’évidences et d’anglicismes.
Lucile, graphiste, est plus à l’écoute. Cela lui vaudra de tomber sous le charme – très diffus.. – de Charles Valérien, son côté bohême.
Quant à Alex, à savoir Alexandre, il adhère totalement à l’idéologie de la « Manifestation pour tous » – rappelez-vous, le dimanche 13 janvier 2013 – et celle d’un milieu conscient de son bon droit: » Il est tout de même incroyable que nous devions descendre dans la rue pour répéter des évidences (…) »
Un mode de vie dans ses rails tracés, que vient bousculer , sans crier .gare, la décision de Jean-Michel de vendre la maison familiale….
Radioscopie d’une bourgeoisie au mode de vie tranchant, tranché, retranché, le roman se présente avant tout comme une galerie de portraits. L’écriture est soignée, pesée, choisie, sans doute un peu trop sophistiquée. Nous aurions préféré une analyse plus tendrement décapante…l’auteur en a les moyens, cela ne fait pas un pli.
Les visages pâles, Solange Bied-Charreton, roman, Ed. Stock, août 2016, 392 pp
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