» Cette histoire a commencé le mercredi 23 août 2017. Ce jour-là, mon nouveau roman entrait en librairie, tandis que, de mon côté, j’entrais en urgence à l’hôpital »
Atteinte d’une maladie génétique réservée aux seules femmes de sa lignée et d’un puissant déni corrolaire , la romancière s’effondre voici tout juste deux ans, d’une sévère crise d’insuffisance rénale.
Elle vient de publier » Ma vie sans moi » aux éditions Léo Scheer.
Un titre prémonitoire pour un pronostic vital engagé.
Avec la plume précise, introspective, empathique qui la caractérise, Nathalie Rheims décrit son désarroi, sa descente aux enfers, le détail des traitements qui lui sont inflgés et la « vie en morceaux « que provoque la dialyse
Elle rend hommage au soutien des siens, à Léo Scheer, son conjoint , » l’autre face de moi-même . (…) Trente années de vie partagée » à Flavien « entré dans ma vie à pas feutrés » , facteur gémellaire, généreux et actif de sa rédemption- il lui donne un rein – , à la » nouvelle famille » constituée autour de sa maladie.
Le parcours est émouvant: il est celui d’une combattante victorieuse.
Le récit se partage: il procède de la thérapie :
» L’idée germe lentement. Ramasser des éclats de mémoire, des fragments d’émotions multicolores qui restent suspendus en moi, aller chercher ceux qui ont disparu pour les faire remonter. Les attraper avec une pincette, et les coller les uns à côté des autres.
Écrire de cette façon ce qui m’est arrivé, retrouver la teinte particulière de chaque émotion, les assembler sur le papier. Ne serait-ce pas aussi de l’art-thérapie? »
La réponse est « oui » et l’assemblage est réussi.
Apolline Elter
Les reins et les coeurs, Nathalie Rheims, récit, Ed. Léo Scheer, août 2019, 216 pp