La signature de François Emmanuel est toujours événement. Il nous revient, ce 7 mars, avec la publication d’un recueil de trois nouvelles, Les murmurantes.
« (…) je mesure aujourd’hui l’étendue de ce que nous n’avons pas pu nous dire«
Parti en Inde à la recherche de Joy Archer, avec qui il avait eu une liaison fugace, le narrateur d’Amour déesse triste, première nouvelle du recueil, opère un travail de mémoire affective qu’il consigne dans un journal: « La mémoire est commme un mur sur lequel on passe la main. De quoi la main se souvient-elle? «
Une quête qui l’amène à lui-même – « Ce que l’on cherche est toujours en soi, .. »- à une vision nouvelle de l’amour : « L’amour serait chez l’autre la découverte incrédule de cette part de soi que nous ne connaissions pas, .. »
***
Placée sous le signe de la mémoire, la deuxième nouvelle – La convocation – met le narrateur en présence de Stefano Minghelli, marchand d’art, veuf de « L. », son ancienne maîtresse
» Monsieur,
Ma lettre vous surprendra sans doute mais il est des silences plus lourds, plus déchirants que tous les mots de la discorde. »
La rencontre se passe à Cagliari, en Sardaigne, sur fond de mission symbolique: le narrateur est censé acquérir pour compte du marchand d’art, le dessin d’une Dormition de la Vierge, attribué à Filippo Lippi…, troublante, évocation de la disparue.
****
La troisième, éponyme et dernière nouvelle, Les murmurantes, pose la question du testament littéraire et du lien fusionnel qui unit la plume d’un célèbre écrivain espagnol et de son secrétaire.
« J’ai écrit La Splendeur, dis-je, mais c’est sa voix qui m’a porté tout au long de son écriture. »
Poète d’une syntaxe qu’il façonne avec une mélodie subtile, sublime, l’écrivain invite au recueillement.
AE
Les murmurantes, François Emmanuel, Trois nouvelles, Le Seuil, mars 2013, 164 pp
Commentaires récents