« Depuis le début du festival, il se disait que le célèbre critique arriverait tel lundi, à midi, et resterait quatre jours : un pour L’Or du Rhin, un pour La Walkyrie, un pour Siegfried, un pour Le Crépuscule des dieux–les quatre volets de la Tétralogie dans une nouvelle production, très attendue. »
Qui dit Bayreuth convoque immédiatement l’ombre de Cosima et de Richard Wagner.
Et celle du festival fondé en 1876 par le célèbre compositeur. Un festival estival qui bat son plein d’accros aujourd’hui encore.
L’occasion est idoine d’y convier Moshe Griebnisch, célèbre (et fictif) critique musical, dont les avis sont censés faire loi, souvent et opportunément favorables, aux initiatives pas toujours heureuses de Petula, la directrice artistique. Pour preuve, le prestige du Festival décline ….
« Les wagnériens peuvent être grégaires mais ne sont pas aveugles. Ils voyaient bien que Petula était une piètre directrice, que Moshe avait perdu en objectivité. »
Moshe est alcoolique, il se croit atteint d’un cancer et ses rapports avec Petula sonnent plus faux que jamais.
L’occasion est idoine de convier en ce dissonant duo, Henry Griebnisch, fils inquiétant d’un cousin de Moshe, assorti de son amie Peggy, venu régler certains comptes de famille
Et affronter Moshe d’énergiques et publiques joutes verbales, au sein du café / restaurant du sieur Schopenhauer.
Une incursion pour le moins originale dans un haut lieu dédié au festival
Et une approche subtile, intéressante des enjeux de la critique musicale.
» Non, la musique de Wagner n’est pas un combat, elle se révèle dans le murmure, la caresse. Moshe le pensait mais pour plusieurs raisons, qu’il savait mauvaises, il s’était retrouvé à défendre la position adverse. »
A Elter
Les Maîtres de Bayreuth, Charlie Roquin, roman, Ed. Cherche Midi, août 2023, 169 pp