« Louis n’a jamais accepté que les ténèbres dans lesquelles il est plongé soient du néant. C’est pour cela qu’il est parti à Paris, pour voir au-delà du rideau noir qui barrait le passage à son esprit. »
C’est par accident que Louis Braille (1804-1852) devient aveugle.
Agé de trois ans et demi, le bambin, soustrait à la vigilance de son père, Simon, bourrelier à Coupvray ( près d’Eurodisney) se blesse l’ oeil du tranchant d’un poinçon.
Par un phénomène d’infection, fréquent à l’époque, le second oeil est bientôt perdu lui aussi…..
Cadet d’une fratrie de quatre enfants, Louis est doté d’un tempérament solaire, positif. Il est de surcroît vif et intelligent.
Une aimable cabale villageoise, constituée du curé,de l’instituteur et d’un noble, remarquera ce potentiel et convaincra les parents d’inscrire Louis dans un institut parisien spécialisé.
Las, la vie n’est pas rose, l’avenir bouché pour qui est atteint de cécité, mais l’enfant saura reconnaître ses adjuvants, son ami Gabriel, Monsieur Claude, le concierge de l’institut, le docteur Pignier, nouveau directeur … et entraîner peu à peu ce monde à perfectionner la machine à poinçonner les sons que vient leur présenter un militaire , le capitaine Barbier de la Serre. Louis améliore ce système binaire et constitue, au-delà des sons, un alphabet tactile bien plus riche en possibilités. Le langage Braille est né, dont l’auteur ne connaîtra que trois livres imprimés de son vivant.
Ca c’est pour la vie, les mains de Louis Braille
Mais l’ouvrage ne se cantonne pas à cette seule relation et lui adjoint le cheminement d’écriture de la narratrice.
Appelée à rédiger le scénario de la vie de Louis Braille, pour les besoins d’un film Constance, la narratrice, consigne ses découvertes biographiques dans un carnet rouge, dont les chapitres se succèdent en contrepoint du récit.
Elle se prend d’une sympathie grandissante pour l’enfant et réalise que son enquête impacte sa vie de fraîche veuve, privée de progéniture.
Est-ce un dessein thérapeutique qui a poussé Thomas, le réalisateur, à lui proposer le défi?
A lui adjoindre l’assistance déconcertante et subtile d’Aurélien?
Pétrie d’humanité, de fraîcheur, de tendresse, cette lecture est bienfaisante
Elle m’évoque l’univers des Choristes., le film de Christophe Barratier (2004).
Je vous la recommande
Apolline Elter
Les mains de Louis Braille, Hélène Jousse, roman, Ed. JC Lattès, février 2019, 350 pp