« On ne connaît peut-être pas très bien Hopper mais ses peintures, si souvent reproduites en posters, en cartes postales, sur les couvertures de romans, sur des tee-shirts, des fonds d’écran… sont devenues des icônes, bien ancrées dans les mémoires.
Chacun de ses tableaux débute une histoire. Et chacun provoque l’inspiration, l’imagination. Quel autre peintre est capable d’une telle puissance déclenchante? Comment expliquer l’emprise de sa peinture? Pourquoi s’imprime-t-elle longtemps en nous? Par quel mystère nous force t-il à imaginer la suite de l’histoire?
Répondant à l’invitation d’Henry Dougier et de sa collection « Le roman d’un chef d’oeuvre », Catherine Guennec o porté son intérêt — et aussitôt le nôtre – sur l’envoûtant « Cape Cod Evening » achevé par Edward Hopper (1882-1967) fin juillet 1939. Une toile énigmatique, toute tendue, « suspendue » à l’attente d’un événement. D’aucuns affirment que la peinture stigmatise l’absence de communication, la tristesse, la solitude des êtres, au sein d’un couple en l’occurrence. Et de fait Jo as Joséphine Hopper, narratrice du récit et épouse du peintre, confirme, en mode doux amer, le caractère houleux de leur relation conjugale, du huis clos de toute une vie.
Peintre elle-même, Jo voit son talent évincé par le succès de son mari, son mépris aussi.
Soutenu de nombreuses références, le roman contextualise l’émergence du chef-d’œuvre – il fut achevé un an après le terrible ouragan qui secoua Cape Cod, station balnéaire située dans péninsule du Massachusetts,, où les Hopper avaient fait construire une maison -atelier . Il définit le maillon, trace le fil conducteur d ‘une vie, d’une œuvre et d’une personnalité particulièrement mystérieuse.
Et nous plonge dans les heureux souvenirs de l’exposition Hopper, au Grand Palais (oct .2012 -janvier 2013) et la contemplation d’œuvres fascinantes
Pas de doute, la magie… opère.
Encore et toujours
Cerise sur gourmandise: la jaquette déploie de part et d’autre du roman une belle représentation de la toile-vedette, désormais exposée à la National Gallery of Art de Washington
Apolline Elter
Les heures suspendues selon Hopper ,Catherine Guennec, roman, Ed. Ateliers Henry Dougier, coll. » Le roman d’un chef-d’œuvre », avril 2021, 128 pp