« C’était extravagant, théâtral, mais tellement funky d’avoir une maman pas comme les autres »
Récit autobiographique – malgré que quelques noms soient déguisés – l’ouvrage de la comédienne Gwendoline Hamon résonne d’une infinie tendresse pour Caroline Anouilh, sa maman, décédée voici cinq ans d’un « cancer de négligence ».
Catharsis d’une histoire familiale chargée – on ne naît pas impunément petite-fille de Jean Anouilh, fille d’une mère si déconcertante et parfois orientée à l’Ouest .. – le récit épouse les dernières semaines de vie, de soins tantôt sordides, tantôt subliment palliatifs, d’une malade en proie au déni radical du mal qui la ravage.
Il y a du Mouche (Marie Lebey – billet de faveur en vitrine du blog) du Rien ne s’oppose à la nuit (Delphine de Vigan – idem) de l’empathie certaine, dans cet hommage bouleversant qu’une fille porte à sa maman.
Il y a surtout beaucoup d’amour.
Apolline Elter
Les dieux sont vaches, Gwendoline Hamon, récit, Ed. JCLattès, mars 2014, 252 pp
Billet de faveur
AE : Avec le recul, Gwendoline Hamon, que retenez-vous de ce déni imposé par votre maman sur la gravité de son mal. Etait-ce pour vous protéger ? A-t-il eu un effet séparateur ou au contraire, vous a-t-il rapprochées ?
Gwendoline Hamon :Le déni c’est la « foi » poussée à l’extrême et c’était une femme de «foi». Elle croyait si fort en la puissance de la vie que la sienne et les certitudes qui l’habitaient étaient inébranlables et l’ont portée envers et contre toutes tentatives de sauvetage que j’ai pu tenter mille fois dans notre relation. Elle s’est protégée, carapacée dans ce déni qui lui a permis de continuer à avancer, à croire en elle, à ne pas être «la petite fille que personne dans la famille ne prenait au sérieux». D’une certaine façon, ma mère nous a protégés de plusieurs années de soins tristes et lourds qu’elle aurait dû recevoir au vu de la gravité et de l’avancement de son cancer, et les deux dernières semaines avant son départ, je crois, pour en avoir parlé avec la nounou de mon fils à laquelle elle s’était confiée , qu’elle avait compris et qu’elle préférait pour éviter des larmes, des explications, de la culpabilité que nous ne soyons pas au courant. Cela lui permettait également d’éviter une fin « glauque » et peut être de nous avouer sa fausse route. Elle a gardé sa dignité et son autorité de «mère» qui décide.
L’important n’était plus la vérité, mais la sincérité de nos regards, de nos gestes, de notre amour les unes pour les autres.
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