C’est vrai qu’il les a un tantinet écartées, ces dents avec lesquelles William Leymergie, le célèbre animateur de Télé-Matin (France 2) croque la vie, les madeleines olfactives de vingt années d’enfance et d’adolescence, passées en Afrique du Nord et centrale, petit dernier et facétieuse mascotte d’une famille aimante et heureuse.
« Cet amour parental qui a accompagné sans faillir mon enfance, mon adolescence et au-delà, sera un atout dans ma vie, une véritable chance. Il m’a construit, conforté, armé pour m’affirmer »
De cette Alger quasi-natale à laquelle il voue un profond attachement – « Oserais-je dire qu’Alger me manque autant que mes parents? » – « Willy » nous brosse une multitude de scènes d’ambiance, parcourant les années cinquante et celles de la décolonisation par le prisme d’une enfance protégée et respectueuse des autochtones.
Ingénieur, militaire de carrière – il est promu Colonel- Jean-Raymond Leymergie, son père, emmène Jeanne, son épouse, Monique, Serge et William, le puïné, d’Alger à Dakar et Bamako, au gré de quelque dix affectations et… déménagements à la clef. De ce « père en or », dont il présente « la part débridée« , William Leymergie reconnaît avoir hérité du caractère colérique. De la rigueur intellectuelle sans doute aussi, tant il nous offre un récit précis, dénué de forfanterie. Un récit charmant, délicieusement pétri d’auto-dérision et de relations cocasses.
Sa scolarité, chaotique et ponctuée d’espiègleries et de week-ends de colle, Leymergie la poursuit à La Rochelle, accueilli par une tante qui aura la finesse de taire ses frasques…
Flirts, premiers exploits amoureux et professionnels nourrissent un récit coloré, drôle, sympathique qui offre au spectateur de Télématin un plateau d’accès simple et joyeux à l’intimité de son énigmatique présentateur. A sa façon d’aborder la vie.
Une lecture recommandée.
Apolline Elter
Les dents du bonheur, William Leymergie, récit, Ed. Albin Michel, juin 2014, 316 pp
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