C’est une parution de la rentrée littéraire 2012. Sélection du Prix horizon oblige, nous l’avons lu et, pour le moins; n’en sommes pas déçue!
« La mémoire de Marie est à l’image de l’univers: une surface plane, déformée par quelques souvenirs cruciaux dont la gravité attire et change la représentation de tous les autres. Ce sont des points innervés, névralgiques, qui ne cessent jamais d’irradier, altérant ses sens et ses pensées. »
Marie est vieille. Elle est aigrie. Frustrée par un choix de vie, de mari, surtout, André Seudécourt, un instituteur aussi peu ambitieux qu’expansif. Impossible d’être cette grande dame qu’elle sommeille en sa nature.
« Marie considère son corps comme elle considère sa maison: un endroit provisoire qu’il serait stupide de vouloir entretenir puisqu’elle va bientôt le quitter, et qui tombe en ruine. »
Tandis que le couple se laisse dépérir, lui, d’une bronchite chronique, elle, d’une radinerie à ce point aiguë qu’elle laisse la maison décrépir , Marie ressasse les événements de son passé, d’une vie étriquée à la d’Emma Bovary ..de Linteuil.
» Marie se concevait multiple. De la même manière qu’elle dissimulait aux autres ses travers, ses petits arrangements avec la réalité, elle se les cachait à elle-même, ou bien les excusait, en sachant pas au fond qui elle était vraiment, et s’en moquant d’ailleurs, tandis qu’elle ne l’admettait pas des autres, d’André en particulier dont elle eût aimé connaître l’exact contour. »
Alliant un sens aigu de l’observation, de l’introspection d’une certaine gente féminine, de velléités avortées, de mauvaise foi et de rancoeurs, Hervé Bel signe un deuxième roman de très belle facture..
Apolline Elter
Les choix secrets, Hervé Bel, roman, JC Lattès, août 2012, 360 pp
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