Lennon

 

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Avec sa couverture « jaune lemon », l’opus de David Foenkinos orchestre, en 18 séances de divan, le parcours psycho-biographique du fondateur des Beatles. Et c’est passionnant.

« J’avais en moi la part de souffrance nécessaire à la formation du génie »

Délaissé par des parents qui ne pouvaient assumer son existence, le petit John est élevé par sa tante Mimi, dans le confort petit-bourgeois des quartiers résidentiels de Liverpool. Adepte de Lewis Carrol, John atteindra tôt le pays des merveilles, fondant avec Paul Mac Cartney, suivi de George Harrison et Ringo Star le célébrissime quatuor des Beatles. Une gloire aussi époustouflante qu’impossible à gérer: alcool, drogue, expériences sexuelles « Kleenex »…auront, un temps, raison de son humanité.

C’est la rencontre avec Yoko Ono (fin des années ’60) qui consacrera la lente dissolution du groupe – au grand dam de  millions de fans – et l’avènement à une vie apaisée.

« Je me dis juste que mon énergie pacifiste est le fruit de ma violence. Que j’ai tout fait par la suite pour canaliser ma haine. Et les drogues m’ont sûrement aidé en détruisant mon ego, en détruisant ma capacité d’action. »

Sondant l’âme et les innombrables paradoxes de l’icône du « Peace & Love » , David Foenkinos offre, par le biais de cette magistrale confession, un portrait subtil et éclairé de John Lennon. L’artiste pourrait-il le renier, qui fut assassiné à New York,  le 8 décembre 1980, par le fanatisme d’un ex-fan, Mark David Chapman ? S’il est sincère, je ne le crois pas.

Une lecture qui se magnifiera – si besoin est – de l’écoute des succès du groupe et de John Lennon, en particulier.

Apolline Elter

Lennon, David Foenkinos, Plon, oct.2010, 236 pp

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Billet de faveur

AE: David Foenkinos, si le lecteur retrouve d’emblée la qualité de votre plume – c’est une « fan’ qui vous parle –  sa densité et un sens avéré  de la formule , il semble que votre fantaisie coutumière soit quelque peu cadenassée par le sujet. Le « David Foenkinos » de La Délicatesse, du Potentiel érotique de ma femme, de Nos séparations,  s’est-il effacé pour laisser briller les feux de la rampe sur le seul John Lennon?

David Foenkinos: Merci. Oui, forcément, c’est un livre très différent. Puisque c’est une biographie réelle et complète de Lennon, donc basée sur beaucoup de recherches, alors qu’habituellement je laisse libre cours à mon imagination. Mais Lennon avait beaucoup d’humour, alors j’ai pu mettre un peu de fantaisie dans sa façon de parler. Pour la petite histoire, il y a toujours 2 polonais dans mes livres, et là j’ai réussi à les caser dans la vie de Lennon !… Alors, voilà, ça fait une mini touche de fantaisie. Mais il faut dire que la vie de Lennon est marquée par le malaise, la souffrance et la violence. Donc c’est souvent sombre, par la force des choses.

 AE: John Lennon était lui aussi un adepte du non-sense, fantaisiste en son genre. » »Ecrire a toujours été la chose la plus importante de pour moi. J’avais publié  un livre dans lequel on trouvait mes pensées fantaisistes et mon goût pour les histoires tordues. Il avait eu du succès, et j’avais même été invité dans le cercle le plus prestigieuse de la littérature anglaise  » déclare votre héros. C’est une allusion, je pense, à In His Own Write (1964).Vous êtes-vous trouvé, à sa lecture, des parentés avec son univers mental ?

David Foenkinos: Bien sûr, quand on écrit une biographie d’un artiste, on peut y voir des ponts avec sa propre création. Lennon, on le dit peu, était aussi écrivain. Avec un univers fantasque. Etrangement, ma parenté est dans la solitude de l’enfance. Je peux comprendre à quel point l’ennui nourrit l’imaginaire. Ca s’arrête ici. C’est un livre aussi d’admirateur. Je parle surtout de l’homme, de son parcours, de son enfance, mais bien sûr qu’au cœur de tout ça il y a des chansons, et un univers poétique, qui me touchent au cœur.

AE: Vous écrivez, en postface, que l’assassinat de John Lennon est le premier souvenir marquant de votre existence. Vous aviez six ans alors. Connaissiez-vous déjà ses productions ou y êtes-vous venu par cette voie ? 

David Foenkinos: Non, j’ai découvert sa musique plus tard. Quand je me suis mis à jouer de la musique. Mais en écrivant le livre, je me suis souvenu que son assassinat m’avait vraiment marqué. Je me souviens des images de milliers de gens pleurant à Central Park. Lennon est une obsession chez moi. J’en parle dans tous mes romans, quasiment. Et j’ai toujours été fasciné par sa relation avec Yoko. Je voulais vraiment me plonger dans cette histoire.

AE:  Et pour conclure, Les succès des Beatles, ce sont des « madeleines musicales » pour vous?

David Foenkinos: Oui bien sûr. Et en même temps, c’est toujours le présent. C’est fou de voir à quel point cela ne bouge pas. Les Beatles ne sont toujours pas dans le passé.

 

 Vous souhaitez  en savoir davantage?

Je vous comprends.

Je vous invite à retrouver David Foenkinos, le dimanche 5 décembre,  dans Nostalgie Pop Culture (16 – 17.00): l’entretien sera mené par Brice Depasse et évoquera, bien sûr, le trentième anniversaire de l’assassinat de John Lennon et Dans Livre de Bord  (Liberty TV), aux côtés de Nicky et Brice Depasse : première diffusion, le mardi 7 décembre à 18.05.