L’embarcadère des lettres

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 » Ce livre part à la recherche de l’émotion qui les saisit à la lecture du nom de Marseille sous les plus belles plumes. Les écrivains ont été éloquents, profitons-en; Marseille a été l’embarcadère des lettres, partons les retrouver sur la jetée. »

Natif de Marseille, haut fonctionnaire, Rémi Duchêne a imaginé les premières pages de ce recueil, tandis qu’il vivait… sous nos cieux belges.

Passionné de littérature et érudit en la matière, il nous propose de visiter sa ville natale sous l’angle patriote, passionné, ému, surréaliste, féminin, poétique, aimant ou (franchement) hostile d’écrivains majeurs, qui y sont nés ou y ont séjourné durant la première moitié du XXe siècle.  Albert Camus, Albert Cohen, Guillaume Apollinaire, André Breton, Paul Eluard, René Char, Louis Aragon, Antonin Artaud, Jean Cocteau,  Colette, Simone de Beauvoir, André Malraux, Paul Valéry, Valéry Larbaud, Henry de Montherlant,  Jean Giono, André Gide, André Gaillard, Blaise Cendrars, Jules Supervielle, Jean Genet, Eugène Ionesco,  Roger Martin du Gard et Céline voient ainsi leurs oeuvres analysées sous le prisme  de la cité phocéenne et d’une mise en perspective magistrale.

 » Bien des voyageurs de la première moitié  du XXe siècle, avant que l’avion ne vienne bouleverser ces repères maritimes, ont saisi cet instant magique où la porte de Marseille s’ouvrait sur les mondes lointains: Méditerranée orientale et Maghreb, mais également Afrique noire, océan Indien, Extrême-Orient, Amériques…. »

 Rendue aisée et lumineuse par la fluidité d’écriture de l’auteur, la lecture de l’essai est riche d’enseignement. On ne pouvait concevoir meilleur hommage à la Capitale culturelle de 2013.

Apolline Elter

L’embarcadère des lettres. Marseille et les écrivains, Rémi Duchêne, essai, JC Lattès, avril 2013, 514 p, 23 €

  

Billet de faveur

 

AE : Bel hommage à la ville  qui vous a vu naître et que vous aimez, Rémi Duchêne, l’essai  opère une sorte  de réhabilitation par rapport à une Marseille  « souvent écrasée par sa caricature »  et même « brocardée ». Le travail opéré , l’érudition impressionnante qui parcourt les pages , leur académie vivante, allègre et nuancée sont aussi un hommage à feu votre père, le professeur Roger Duchêne .  Aviez-vous évoqué ensemble le projet ?

Rémi Duchêne : Nous n’en avons hélas pas eu le temps, sa disparition fort brutale nous a privés de ce plaisir. Mais il est vrai que bien des éléments ramènent vers lui cet essai : le penchant enthousiaste pour la littérature et l’amour de Marseille sont bel et bien mon plus précieux héritage – avec le goût de la vie de famille ! Je me suis efforcé aussi de m’inspirer de sa passion pour le travail bien fait et de son envie de partager le fruit des recherches avec le plus grand nombre.

 AE :  Vous  semblez habité par les auteurs que vous évoquez, tant vous en  connaissez  les  œuvres,  parcours,  place au sein de la  littérature.  Une pareille somme, c’est le travail de toute une vie…

 Rémi Duchêne : aimer la lecture, c’est en effet un bonheur qui dure toute une vie, comme vous le savez bien et le faites partager vous-même à vos abonnés et fidèles ! Je n’ai pas étudié la littérature à l’Université, cependant j’ai toujours figuré dans la catégorie des bons lecteurs… Pour cet ouvrage, cinq ans ont été nécessaires entre le premier projet, conçu…  à Bruxelles, puis les visites à Marseille, les recoupements et mises en perspective, enfin la rédaction, avec une attention portée à la construction d’un récit (tous ces écrivains prestigieux qui se bousculent, si j’ose dire, sur l’embarcadère, avec chacun une histoire étonnante !), ainsi qu’à la précision des références.

 AE : «  Quel mouvement dans ce Marseille ! Paris paraît morne à côté. » écrit Colette à la Duchesse de Morny, son amie.  Nous sommes en 1909. Partagez-vous ce point de vue,  plus de cent ans après ?

Rémi Duchêne : On retrouve ce jugement sous quelques autres plumes prestigieuses, comme Éluard ou même Camus, pour qui le monde méditerranéen, d’une façon générale, représentait la vraie vie. Cocteau, Montherlant, Cendrars, Beauvoir… sont sous le charme. Au XXIème siècle, Marseille garde cet attrait subtil, à la fois brutal et pudique, sensuel et poétique. Et le mouvement qui plaisait tant à Colette est toujours là, celui des navires dans la rade, celui des populations métissées, celui des arts et de la créativité, et, par-dessus tout, une puissante aspiration au bonheur et à la liberté.