Certains romans sont essentiels
Tel L’élégance des veuves , chef-d’oeuvre d’Alice Ferney, dont l’écriture m’avait saisie d’empathie, voici quelques années. Je n’ai pas changé d’avis et vous en restitue chronique :
[NDLR: billet paru en 2009 sur votre blog préféré)
Sublime.
Un roman d’une beauté saisissante qui trace le destin de trois femmes: Valentine, Mathilde et Gabrielle.
Elégance conjugale empreinte d’estime et d’indulgence, élégance maternelle déclinée de progénitures infinies et de la mutilation de leur perte. L’élégance des veuves à travers qui la vie passe et trépasse.
« Le premier goût du malheur, elle l’eut trois années avant la fin de son mariage: le septième enfant ne vécut qu’une journée,le temps de sourire aux anges et de partir les rejoindre » (p 18)
Le récit, court, est mené selon un tempo alerte, un rythme, soutenu, réveillé de formules lapidaires, coupé de descriptions d’une beauté douloureuse et rare. L’introspection des émotions féminines y est précise, le langage, choisi.
» A côté d’elle Clotilde qui avait dix-sept ans, mais déjà des rondeurs et des timidités de très jeune femme, répétait les gestes de sa mère. A son insu, elle était à l’instant parfait du corps, celui de l’efflorescence aboutie, quand les délicats chemin de la croissance ont mené à une vénusté épanouie » (p 109)
Sublime.
D’une beauté apaisante.
Un roman dont je vous recommande la lecture de toute instance.
Apolline Elter
L’élégance des veuves, Alice Ferney, Actes Sud, 1995. Rééditions : Babel 1997-2008, 7, 18 €
Curieuse, vaguement anxieuse de confronter mon impression originelle à celle d’une lecture audiolivresque, j’écoutai la lecture intégrale du texte opérée par l’actrice Dominique Reymond. (Audiolib 2016) Bercée par sa voix grave, subtilement monocorde, je retrouvai d’emblée cette impression.. de grâce infinie, de beauté et d’éternité.
Partant, je vous en recommande l’essai.
L’élégance des veuves, Alice Ferney, roman, texte intégral lu par Dominique Reymond, Ed.Audiolib, sept 2016, CD MP3 2h54 d’écoute
Et en version-ciné
Moins convaincue, je suis et vous l’avoue, par le rendu cinématographique du texte, sous le label « Eternité » (Tran Anh Hung)
Figé par trop de scènes d’exposition, le film, certes très (trop) beau, manque de tension, de vie, d’action.
Je réserve mon impression…
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