"L’idée d’être un jour le père d’un enfant ne m’était jamais venue à l’esprit. Jusqu’à cette soirée d’automne où Julie m’annonça qu’elle était enceinte (…).Je suis enceinte, trois mots qui m’avaient mué en géniteur."
C’est à un beau, très beau périple à travers l ‘Amérique des années quatre-vingts – Etats-Unis, Mexique et Canada – que Jean-Luc Outers nous emmène, avec son roman, tout frais paru, Le voyage de Luca.
Julie et Marian, le narrateur, décident de "mettre entre la Belgique et nous un océan de distance " (p 32).C’est ainsi qu’ils embarquent Luca, leur bébé de quelques mois, dans le cocon d’une camionnette jaune vif, à la conquête du Nouveau Continent.
" La date du retour était indécise, fixée par l’épuisement graduel de notre compte en banque." p 64
On savait que Jean-Luc Outers avait la plume maîtrisée, sobre et superbe, on la découvre truculente, faite d’humour contenu , proprement irrésistible.
La trame narrative est entrecoupée de la relation de séances chez une thérapeute familiale. L’enjeu du récit devient étiologique: il s’agit de découvrir, quelque vingt ans plus tard, l’origine du mal-être de Luca.
La facture austère du livre ne doit pas dérouter : on entre dans le récit comme dans l’avenante camionnette, pour un parcours de trente mille kilomètres, sept mois et trois cent une pages de pur bonheur.
Ce livre figurera parmi mes lectures majeures de 2008.
Apolline Elter
Le voyage de Luca, Jean-Luc Outers, Actes Sud, Arles, janvier 2008, 301 pp.
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