Forge-t-on son propre destin des ombres d’êtres aimés?
Ce n’est pas un vol…, c’est une quête qui est au coeur du dernier roman de Marc Levy. Une quête à facettes multiples qui pousse le narrateur, enfant plutôt solitaire, à libérer ses proches des parts d’ombre qui entravent leur destin,… au point d’en oublier la sienne.
Eclairons le propos.
Doté d’un sixième sens peu commun, le jeune garçon parle avec les ombres de ses interlocuteurs de sorte qu’il en perce les mystères, les secrets refoulés et que, s’y confondant quelquefois, il n’a de cesse de vouloir les harmoniser. Il rencontre Cléa une petite fille sourde et muette. Les enfants se promettent fidélité, par cerf-volant interposé:
« Tu es mon voleur d’ombre, où que tu sois, je penserai toujours à toi »
**
La seconde partie du roman transporte le lecteur quelques années plus tard:
« J’ai laissé mon enfance sur le chemin de la maison , où les pluies d’automne ruisselaient sur mes épaules, dans un grenier où je parlais aux ombres en regardant la photo de mes parents au temps où ils s’aimaient encore. »
Interne en médecine, le narrateur paraît en permanence « un peu ailleurs« , telle une ombre qui épouse sa voie, sans pleinement y adhérer. Une histoire d’amour qui …reste dans l’ombre, une amitié d’enfance qui se déploie, un rendez-vous imprévu avec un pan de son enfance, l’amènent peu à peu à comprendre le sens exact de sa quête.
« Si l’enfant que tu étais rencontrait l’homme que tu es devenu, crois-tu qu’ils s’entendraient bien ensemble, qu’ils pourraient être complices«
La réponse s’inscrit dans le fil conducteur du roman, l’implication visible du romancier et la sincérité portée à son propos.
Une lecture agréable et attachante …sans l’ombre d’une hésitation.
Apolline Elter
Le voleur d’ombres, Marc Levy, roman, Robert Laffont, juin 2010, 276 pp, 21 €
J’ai lu tout Marc Levy sauf celui-ci. J’attends sa parution en livre de poche pour pouvoir me plonger, avec délectation je crois, dans cette nouvelle histoire.