« C’est un travail étrange que d’écrire un livre comme celui-ci. Il n’est pas anodin, en tout cas, de se remémorer son parcours, ses émotions, de tenter de décrypter la ligne, parfois les hasards (?) qui vous ont menés. On se surprend à garder en mémoire des détails qui vous ont profondément marqué – comme l’affreux raclement sur le plancher de ce pupitre de terminale traîné pour moi au fond de la classe de quatrième – alors que d’autres événements, qui se révéleront décisifs, sont curieusement flous, absents des souvenirs marquants. »
Marquée à vie par la mort conjointe de ses parents, Ginette et Lucien Legras, le 6 novembre 1955 – asphyxiés par les émanations d’un chauffe-bain défectueux- Anny Duperey est encore transpercée de questions.
L’enfant de huit ans qu’elle est au moment du drame est frappée d’amnésie, d’une sourde culpabilité, d’une dépression larvée. Des moments forts qu’elle raconte dans le merveilleux Voile noir ( Le Seuil, 1992)
Si la radieuse actrice revient sur son enfance dans ce nouveau (et beau) récit, c’est parce qu’elle va enfin tenter de « rencontrer » sa mère, « maman », – cette inconnue – de déceler son projet de vie – avorté – glanant parmi les souvenirs rapportés et ceux qu’elle a occultés, les éléments d’une (re) connaissance.
Et c’est ainsi que certains hasards, voire « évidences » de son propre parcours de vie et artistique surgissent comme l’accomplissement du rêve maternel.
Un parcours dont elle nous livre les embûches et joies en une sincérité désarmante. Généreuse.
Ce faisant, elle rend un hommage appuyé à » Tata », sa tante paternelle, tutrice dévouée
Merci Anny Duperey.
Apolline Elter
Le Rêve de ma mère, Anny Duperey, récit, Ed. du Seuil, nov. 2017, 212 pp
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