Abandonné sur les marches d’une église de Maracaibo (Venezuela) deux jours après sa naissance, Antonio Borjas Romero est recueilli par Teresa, une femme qualifiée de muette. Une femme pauvre d’argent et (de manifestation) d’affection.
« C’est à peine s’il eut le temps d’avoir une enfance. Il se transforma rapidement en un adolescent vigoureux, bâti par le labeur ardu. »
Mais encore:
« La découverte du pétrole changea tout. La ville se transforma en même temps qu’Antonio. »
Et c’est ainsi qu’Antonio, puisant aux sources de son incroyable vitalité, entreprend des études de médecine, devient cardiologue, chirurgien et fonde l’Université de Zulia dont il assure un temps le rectorat
Côté vie privée, il épouse Ana Maria Rodriguez, première femme médecin du pays, téméraire combattante en faveur de l’avortement.
De leur union naît Venezuela – mère de Miguel Bonnefoy- qui échappant à la vocation médicale prescrite s’exile à Paris, rencontre l’amour : « un Chilien torturé, un homme qui avait fui la dictature de Pinochet, »
De leur union naît Cristobal – as …Miguel Bonnefoy – qui se donnera pour mission de remonter le fil de ses origines, renouer ceux de son ascendance maternelle;, consigner et boucler une histoire incroyable gavée de nombreuses légendes familiales transmises par Venezuela: : « elle avait un mélange de manières tropicales et européennes, un exotisme dans ses formules, et un accent floral dans n’importe quelle langue qui provoquait chez les hommes des voyages luxuriants. »
Une saga familiale nourrie d’amour pour (le) Venezuela et d’un puissant souffle romanesque
Apolline Elter
Le rêve du jaguar, Miguel Bonnefoy, roman, Ed. Rivages, août2024, 304 pp