Le jour J est arrivé, que je vous annonçais depuis esthète lurette, à savoir la sortie en salles, du film Le Prénom, adapté de la pièce éponyme de Matthieu Delaporte et d’Alexandre de la Patellière:
« Cette nuit-là, le crâne lourd d’un impitoyable mélange grand cru-piquette, le dos broyé par l’épouvantable canapé de Pierre, tentant de lire les premières pages du roman de Benjamin Constant, je ne doutais pas que notre famille ait atteint une sorte de point de non-retour. Il me suffisait de me souvenirs de certains mots prononcés et de certains coups portés pour savoir qu’il y aurait un avant et un après, et que chacun d’entre nous garderait un souvenir contrasté de ce buffet marocain… »
On ne plaisante pas avec le choix d’un prénom. C’est ce que Vincent Larchet (Patrick Bruel), la quarantaine fringante va découvrir , aux dépens de la belle ambiance qui préside au sympathique dîner marocain organisé chez sa soeur Babou (Valérie Benguigui) et son beau-frère Pierre (Charles Berling) dans le cadre cosy de leur appartement et d’un été doucement finissant.
Tout avait si bien commencé: Vincent , tout à la joie d’être futur papa d’un garçon, attendait qu’Anne (Judith El Zein), sa jeune et charmante épouse rejoigne ce petit dîner convivial, ravi de retrouver Claude (Guillaume de Tonquédec), joueur de trombone et ami de toujours de la famille. Mais voilà qu’au départ d’une question anodine et d’une réponse incongrue, l’ambiance dérape et vire, inexorablement, au pugilat verbal, jubilatoire pour les spectateurs.
Créée le 7 septembre 2010 au théâtre Edouard VII sur une mise en scène de Bernard Murrat, la pièce avait largement cartonné, enchaînant les dialogues et les situations avec un brio largement soutenu par le jeu juste et brillant des acteurs (Le rôle de Pierre était alors incarné par Jean-Pierre Dupuis) . Un rôle taillé sur mesure pour Patrick Bruel, Valérie Ben Guigui et Guillaume de Tonquédec aussi irrésistibles que l’humour qui soutend cette fresque psychologique particulièrement percutante: un infime malentendu fait craquer le vernis des relations les plus policées et déraper les liens affectueux les plus ancrés.
Une salutaire brise de légéreté entre les deux tours des élections présidentielles…
Apolline Elter
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