Publiée en 2006, cette biographie d’Emile Verhaeren est particulièrement agréable à découvrir: le style clair et concis qui parcourt les 108 pages de l’ouvrage donne envie de le lire d’une traite. Je ne m’en suis pas privée.
Né en 1855, au sein d’une famille aisée, le jeune avocat aura rapidement la liberté financière de se consacrer à sa seule plume: il commence sa carrière dans la revue La Jeune Belgique, collabore au « Cercle des XX » – nous l’évoquions en parlant de James Ensor (voir billet de dimanche 3 janvier), avant de rejoindre la revue progressiste La Wallonie, fondée par Albert Mockel.
Ami de Georges Rodenbach, Camille Lemonnier , James Ensor – auquel il consacre une monographie – Stéphane Mallarmé, Stefan Zweig, du peintre Théo Van Rysselberghe (qui signe le tableau de couverture de l’ouvrage), socialiste de convictions, le poète sera également hautement estimé par le Roi Albert : « Les oeuvres d’Emile Verhaeren ont magnifiquement glorifié le sol natal. Poète vraiment belge par la puissante expression de nos forces ataviques et des caractères de notre race, n’est-il pas en même temps un poète mondial célébrant la vie humaine dans ses manifestations les plus ardentes? «
Patriote ardent, il mènera sur le front verbal sa participation à la Première Guerre Mondiale, regrettant que l’âge l’éloigne du combat:
» Ce n’est qu’un bout de sol étroit
Mais qui renferme et sa Reine et son Roi
Et l’amour condensé d’un peuple qui les aime
Le Nord a beau y déchaîner le froid qui gerce et qui mord.
Il est brûlant ce sol suprême«
(Lambeau de Patrie)
Glissé sous les roues d’un train le poète ne survivra pas à l’amputation de ses deux jambes, brisant de sa mort, le couple heureux qu’il formait avec Marthe Massin.
La dernière partie de l’ouvrage de Vincent Leroy évoque les manifestations consacrées à la mémoire de l’écrivain et particulièrement celles qui célébrèrent, en 2005, le 150 e anniversaire de sa naissance.
» J’espère de tout coeur que toutes ces festivités, expositions, émissions de télévision et articles de presse rendront les Belges plus fiers de leur pays. Petite par la taille, la Belgique possède un remarquable patrimoine architectural, une vie associative très importante, de très nombreux talents notamment dans les arts plastiques et la littérature (dont Emile Verhaeren) et un folklore désormais soutenu par l’Unesco«
J’espère, quant à moi, que les élèves de Vincent Leroy et de nombreux lecteurs auront l’appétit de mieux connaître Emile Verhaeren et la joie de savourer la qualité du travail accompli.
Apolline Elter
Le poète belge Emile Verhaeren, biographie, Vincent Leroy, Editions Azimuts, février 2006, 108 pp, 8 €
J’ai lu cet ouvrage qui m’a beaucoup plu pour les mêmes raisons que celles que vous évoquez. Je m’y suis moi-même arrêtée sur mon blog il y a quelques mois. Je découvre avec plaisir le vôtre. Cordialement
Merci Delphine. J’ai, à mon tour, découvert, votre blog avec un vif plaisir. Nous partageons, je pense, une même convialité culturelle.
Belle année à vous
Apolline Elter
Décidément, comme on se retrouve (autour du Petit Belge!)
J’ai lu cette biographie cet été moi aussi, et je connaissais bien peu le grand poète! Depuis je m’y intéresse, bien guidée par le livre…
Ravie aussi, Edmée, de cette plaisante façon de nous retrouver: pas de doute, le « petit belge » draîne un public sympathique. Mérité, à mon sens.
Le livre m’a replongée dans deux poèmes majeurs d’Emile Verhaeren: « Le vent » et »Le passeur d’eau », assez adéquats, me semble-t-il, aux conditions météo: je les reproduirai, en billets, deux dimanches de suite. Vive la culture et nos auteurs belges!
Belle année 2010
Apolline
Merci Appoline, Edmée et Delphine d’avoir lu ma biographie d’Emile Verhaeren, et d’en avoir si bien parlé sur votre blog respectif.
Ce livre est vraiment intéressant, j’insiste et forme le voeu qu’il conquiert un maximum de lecteurs.
Cordialement,
Apolline