Inscrit dans l’attrayante collection « Le petit roman de.. » dirigée par Vladimir Fédérovski, l’opus dédié à la gastronomie a été confié à François Cérésa, véritable autorité en la (table des) matière(s).
« Savoir si je suis gastronome ou non, je m’en beurre les ramequins. »
Le ton est donné: épris de bonne chère jusqu’à la moelle, le critique gastronomique, divin gâte-sauce de son état, emmène le lecteur, dans une envolée de plume, de bons mots et de métaphores culinaires exubérante, à la rencontre des maîtres de la gastronomie, Alexandre Balthazar Laurent Grimod de la Reynière, Jean-Anthelme Brillat-Savarin et Curnonsky, pas vraiment Prince de son… état.
« Bernard Loiseau menait une existence shakespearienne, entre dettes et dates, avec la bonhomme alacrité de Falstaff et l’âpre inquiétude d’Hamlet. »
De cette cuisine d’Iguérande (L’Hôtel de l’Europe) qui fut théâtre et berceau d’une vocation précoce, l’écrivain, journaliste, épicurien n’aura de cesse de rencontrer les plus altières toques et de nouer le tablier de solides amitiés: Bernard Loiseau à qui il rend un hommage vibrant, André Daguin,Jean Ducloux, Guy Savoy, Rebuchon, »connu un soir de Joël« , Michel Guérard, Georges Blanc et Jean-Michel Lorain se voient offrir des portraits savoureux, épicés d’argot, d’acrobaties verbales et de franche camaraderie.
« Le gastronome est un gars de la narine, il est voluptueux du nez, du nase, du pif, du blair, du tarin. »
D’Artagnan de la table authentique, François Ceresa n’hésite pas à fustiger la cuisine des « petites quantités (qui) s’adresse aux gros portefeuilles » et de passer les bien-pensances à la Gagnaire, Veyrat et compagnie au sabre de son antipathie.
Un petit roman… pétillant, roboratif …et vivifiant comme une tasse de Nespresso.
Apolline Elter
Le petit roman de la gastronomie, François Cérésa, Editions du Rocher, novembre 2010, 134 pp, 9,9 €
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