« Souvent j’ai fait l’amour pour m’obliger à écrire. »
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Annie Ernaux professe la lucidité.
Et c’est ainsi que la toute fraîche Prix Noble de Littérature nous offre le récit, le témoignage d’une liaison amoureuse contractée fin des années ’90 avec un jeune homme de 30 ans son cadet: l’écrivaine affichait alors la cinquantaine active, désinhibée, sensible aux plaisirs et à la séduction. A un certain retour à sa propre jeunesse et à la métrique du chemin parcouru.
Décortiquant avec précision toutes les facettes d’une liaison très peu admise par la société, Annie Ernaux en démontre les enjeux.
« Notre relation pouvait s’envisager sous l’angle du profit. Il me donnait du plaisir et il me faisait revivre ce que je n’aurais jamais imaginé revivre. »
En même temps que la difficile intégration intergénérationnelle:
« Il m’arrachait à ma génération mais je n’étais pas dans la sienne. »
Réaliste, précise, l’écriture d’Annie Ernaux relate au plus près les événements qui ont constitué sa vie, sa mémoire aux fins de les conserver, et d’ouvrir la réflexion
A Elter
Le jeune homme, Annie Ernaux, récit, Ed. Gallimard, mai 2022, 48 pp