Démarche originale et intéressante qui préside à l’anthologie présentée par Thierry Sarmant, Conservateur en chef du musée Carnavalet: présenter le Grand Siècle en cédant parole et plume, à quelques-uns des mémorialistes, diaristes et épistoliers qui l’ont vécu.
« Car aimer les Mémoires, c’est ne pas vouloir choisir entre l’histoire et la littérature, c’est croire que l’une peut concourir à l’autre et inversement. C’est faire le pari que la communion des esprits peut se maintenir, malgré la distance du temps. »
Un tel pari ne pouvait que nous séduire, vous l’aurez compris. Déclarons d’emblée que le défi est brillamment relevé: centré sur le long règne solaire de Louis XIV – du décès de son père, en 1643 à 1715, année de son propre trépas – le recueil est divisé en quatre sections, Le Lever du Soleil, Le règne glorieux, Tourments et Tourmentes et Déclin d’un âge.
Dépouillant – nous lui en savons gré – les colossales Correspondances d’une marquise de Sévigné, une Princesse Palatine ou un abbé de Choisy , les Mémoires de Saint-Simon et du Cardinal de Retz, le Journal de Dangeau, …pour ne citer qu’eux, l’auteur suit, chronologiquement les événements marquants du règne du Roi-Soleil et situe chaque extrait dans le contexte précis de l’époque: le mariage du jeune roi avec Marie-Thérèse, Infante d’Espagne, l’arrestation, le procès de Nicolas Fouquet et l’avènement corollaire de Colbert, La Guerre de Dévolution, le mariage manqué de la grande Mademoiselle, l’Affaire des Poisons, la répression du protestantisme et la révocation de l’Edit de Nantes, la « grande opération » qui vit le souverain endurer héroïquement le traitement d’une fistule anale, l’entrée en dévotion de ce dernier et son mariage secret avec Madame de Maintenon, …
Des extraits des Mémoires personnelles de Louis XIV, adressées à son fils, le Grand Dauphin, éclairent d’un jour favorable la figure du monarque: » La première [ndlr: précaution] est que le temps que nous donnons à notre amour ne soit jamais pris au préjudice de nos affaires, parce que notre premier objet doit toujours être la conservation de notre gloire et de notre autorité, lesquelles ne peuvent absolument se maintenir que par un travail assidu.«
Une anthologie remarquable qui ouvrira le grand public à des saveurs qu’il ne soupçonnait peut-être pas..
Apolline Elter
Le grand siècle en mémoires, Anthologie présentée par Thierry Sarmant, Perrin, avril 2011, 512 pp, 24,5€
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