« Quelqu’un m’attendait quelque part »
Dès qu’elle intègre la maison du Lion, hôtel de soins palliatifs sise sur l’île aux citrons (Japon) exquisément parfumée – Shizuko Unimo, la narratrice, se sent d’emblée » comme couvé[e] du regard par un inconnu au visage souriant ».
Et de fait, dirigé de doigts de fée, par « Madonna », la bienveillante directrice des lieux, l’hôtel offre une structure attentive, enveloppante et même gaie, pour ses hôtes en fin de vie.
« A la Maison du Lion; nous savourons le délice suprême de la vie, jusqu’à la dernière goutte »
En témoignent ces goûters dominicaux qui mettent en vedette la madeleine proustienne, le délice existentiel d’un patient tiré au hasard.
Assortis de la lecture d’un texte rédigé par l’honoré du jour, ces moments communiels allient délices et spiritualité
Car il est dit que la Maison veille au bien-être du corps et de l’âme.
Pour Shizuko, qui s’apprête à mourir, d’un cancer de stade 4, à l’âge christique de 33 ans, ce « séjour » si l’on peut le qualifier ains, se révèle un lumineux apprentissage de vie.
« Ce n’était qu’en l’acceptant de tout mon être, et en la vivant pleinement jusqu’o l’heure de ma mort, que j’allais accomplir ma vie. »
Et de nouer de belles, pures et tendres relations avec Rokka, la chienne, Tahichi, le viticulteur, …
Pimenté de découvertes culinaires et spécialités nippones – I’auteure du Restaurant de l’amour retrouvé (Ed. Picquier, 2010) point en ces lignes – parsemé de surprises sensorielles, subtiles et olfactives – qui nous rappellent la merveilleuse Papeterie Tsubaki (Ed. Piquier 2016), le roman offre un regard vif, franc, lumineux et apaisant sur la violence que représente l’imminence de la mort quand on en est averti.
Un roman bienfaisant
Apolline Elter
Le goûter du lion, Ito Ogawa, roman traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe, Ed. Picquier, août 2022, 272 p