« Étrange coutume que ce dimanche des mères en perspective, un rituel sur son déclin, mais les Niven et les 5heringham y tenaient encore, comme tout le monde d’ailleurs, du moins dans le bucolique Berkshire, et cela pour une même et triste raison: la nostalgie du passé. Ainsi, les Niven et les Sheringham tenaient-ils sans doute encore plus les uns aux autres qu’autrefois, comme s’ils s’étaient fondus en une seule et même famille décimée. »
Le dimanche 30 mars 1924 est frappé d’une douceur printanière inattendue. L’occasion pour quelques familles patriciennes du Berkshire d’organiser un pique-nique tandis que leurs bonnes respectives profitent de leur jour de congé hebdomadaire pour aller voir leurs mères…
Quand elles en ont.
Jane, la bonne attachée à la famille Nirven, n’a « que sa liberté, avec en prime une demie-couronne« . Elle rejoint donc son amant, le séduisant Paul Sheringham, fiancé, bientôt marié à Emma Hobday, qu’il doit retrouver pour le déjeuner….
Censé réviser ses cours de droit, le (futur) avocat a décidé d’honorer Jane, une fois encore. ll ignore que ce sera la dernière.
Guère plus avisée du cours des choses, la jeune bonne observe les us d’un milieu qui n’est pas le sien, investit, le temps d’un matin, la demeure de son amant, transgressant de la sorte les barrières sociales les plus infranchissables.
» C’était là [NDLR : dans la bibliothèque] qu’elle se sentait le plus proche d’une petite voleuse à la fois innocente et bienvenue. »
Devenue romancière à succès, Jane gardera , gravé dans sa mémoire, au-delà de ses quatre-vingts printemps- elle en vivra 98- , le déroulé exact de ce fatal dimanche de la fin mars et de son avènement à l’écriture.
Le dimanche des mères, Graham Swift, roman traduit de l’anglais par Marie-Odile Fortier-Masek, Ed Gallimard, janvier 2017, 144 pp
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