« Une chambre à soi
Le cœur d’Adélaïde cogne douloureusement, comme s’il avait été frotté avec du papier de verre. Pour autant, elle sourit en défaisant ses cartons. Elle a son lieu à elle, la voilà autonome, ici sera son royaume, ce deux-pièces
est parfait bien qu’il soit minuscule. «
Ains’Incipit le roman de Chloé Delaume – 47 ans – frappé d’espoir, de solitude, de métaphores inventives et du Prix Médicis 2020
Toute réjouie à la perspective de sa liberté recouvrée – elle vient de quitter Elias et le bénéfice d’une vie confortable – Adélaïde, 46 ans s’installe dans son nouvel appartement.
La solitude la saisit rapidement qui lui donne l’envie de « conjuguer [ses jours] à la deuxième personne enroulée de pluriel »
Mais son âge n’est pas un adjuvant, qui la rend invisible sur l’échiquier de nouvelles liaisons
Alors Adélaïde se bat, se débat, supportant avec une difficulté croissante son rôle ingrat d’attachée de presse au sein des éditions David Séchard, les pressions des auteurs, les diktats du milieu
Sa relation des événements offre au lecteur une instructive incursion dans le monde de l’édition..
C’est l’histoire d’une fleur bleue qu’on trempe dans de l’acide. Adélaïde Berthel, c’est une femme comme une autre. Qui, à quarante-six ans, entend sonner le glas de ses rêves de jeune fille.
Les quatre amitiés solides et quadra — sur qui elle peut compter – et l’inexorable mue d’un coeur trop candide parviendront-elles à lui sauver la mise?
Tel est l’enjeu de cette comédie urbaine douce-amère, sobre, factuelle, drôle par instants, impitoyable
« C’est lui qui cogne et saigne, exige et se déploie. C’est lui qui fait le deuil, englouti par le vide. C’est lui qui seul s’entête à battre toujours plus fort. Parfois il s’imagine qu’il n’est plus fait de chair, mais de matériaux composites, de fibres synthétiques, l’aorte ignifugée. »
Le coeur synthétique, Chloé Delaume, roman, Ed. Seuil, août 2020, 204 pp