» – Demain sera meilleur. Je suis désolé de le constater, Igor Emilievitch, tu es négatif. Moi, je suis un optimiste.
– Je suis un optimiste aussi, répondit Igor. Le pire est devant nous. Réjouissons-nous de ce que nous avons. »
Pour son premier roman*, Jean-Michel Guenassia, nous offre une chronique, minutieuse, centrée sur cinq années – de 1959 à 1964 – et les membres d’un club parisien créé au départ de parties d’échecs.
Le narrateur, Michel Marini, promène son adolescence au gré de rencontres bouleversantes avec Imré, Gregorios, Pavel, Piotr, Leonid, Werner, ….tous hommes échappés du Rideau de Fer, partageant une même passion du jeu,de la vie et de la liberté d’opinion.
Guerre d’Algérie, vie quotidienne de l’époque au sein d’une famille tout à fait ordinaire, idéaux, amours, amitié,tensions, …sont les toiles de fond de cette chronique qui, si elle évoque par certains aspects – forcément – la France d’un De Gaulle en maillot de bain (Gérard de Cortanze), s’en différencie par l’ampleur du projet, …du nombre de pages et son côté analytique: Jean-Michel Guenessia propose une fresque dont il laisse l’appréciation au lecteur.
« Il ne faut jamais garder ses soucis pour soi mais s’en ouvrir à ses amis. J’en ai parlé à Léonid qui jouait aux échecs avec Igor. J’avais de la chance. Question détresse, fatalité et adversité, c’étaient des spécialistes. ils m’ont expliqué qu’en mathématiques, ça s’appelait la loi des séries. » (p 449)
Apolline Elter
Le Club des Incorrigibles optimistes, Jean-Michel Guenessia, roman, Albin Michel, août 2009, 762 pp, 23,90€
* il serait plus exact de dire le second (ou le deuxième…), Jean-Michel Guenessia a écrit un triller il y a une vingtaine d’années.
Comment ne pas aimer ce merveilleux livre ! il est tellement attachant qu’on ne peut plus le lâcher. A prêter à ses meilleurs ami(e)s !
Comme le titre est bien trouvé. On s’attache aux personnages tout d’abord à Michel pré-ado et à travers lui… on vit un moment avec Sartre, Kessel. On vit avec ces exilés de l’Est, leur histoire, leur envie de vivre, leur rencontre quotidienne de joueurs d’échecs dans l’arrière salle d’un bar ! on « est » au sein de cette famille bourgeoise, rigide mais bien des années 50. L’Algérie et son lot de morts ! bref un livre « fouillé » mais pas « fouillis », une belle écriture ! bref un instant de bonheur ! Merci à l’auteur !
Et un grand merci à vous pour ce vibrant coup de coeur. Bien cordialement,
Apolline Elter