C’est un roman majeur de la rentrée littéraire de janvier.
Un conte nippon, antique, sensuel, olfactif, amoureux, exotique,… magistralement écrit
Maniée d’humour et d’esprit, la plume de Didier Decoin nous offre une évasion « gratuite » en un climat éditorial mitraillé d’essais, de confessions, d’auto -, d’exofictions..
Et cela fait grand bien
Survenue veuve de Katsuro, pêcheur de carpes hors pair et fournisseur des étangs impériaux d’Heiankyō, , Amakusa Miyuki décide de porter, elle-même, à l’empereur, le dernier butin de pêche de son cher époux. L’expédition est longue, épuisante, périlleuse, qui permettra à la jeune femme de sauver l’honneur de son village et de futures commandes. Elle lui permet aussi de maintenir en songes et rêves l’amour qui l’unissait à Katsuro et de revivre les effusions charnelles d’un mariage célébré par « intrusion nocturne ».
Doté de nombreuses découvertes, rencontres -parfois cruelles, humiliantes- la route de Miyuki l’éveille aux coutumes et langages de contrées et milieux qu’elle ne connait pas- celle d’un Japon antique – elle ouvre au lecteur une manne de sensations visuelles, cinématographiques, sublimes, quand elles ne convoquent l’odorat, dans ses manifestations les plus basiques, pestilentielles mais aussi les plus impériales..
Quelque chose d’invisible emmaillotait la veuve du pêcheur, suivait les contours de son corps, en épousait les pleins et les déliés, formant autour d’elle comme une seconde enveloppe charnelle, mais invisible, inaudible, intouchable. Cette sorte d’aura, parfaite réplique immatérielle de Miyuki, corps subtil suppléant le corps réel, ne se dévoilait qu’à un odorat aussi entraîné et passionné que celui du directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.
Une lecture recommandée
Envoûtante.
Apolline Elter
Le Bureau des Jardins et des Etangs, Didier Decoin, roman, Ed. Stock, janvier 2017, 396 pp
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