Lauzun ou l’insolente séduction

9782262029104FS.jpg« Se couvrir de gloire aux armées ne suffisait pas à ce petit homme frénétiquement ambitieux qu’étreignait sans cesse la passion de briller. Ce qu’il voulait par-dessus tout, c’était occuper une charge importante dans l’Etat et même – pourquoi pas? – gagner la faveur du roi, devenir son protégé, son confident, son ami. Patiemment, prudemment, habilement, il tissait sa toile, poussait ses pions, gagnant des amis, neutralisant des ennemis et ne perdant jamais la moindre occasion de faire retentir son nom dans la chambre du roi. »

 

Il n’était pas vraiment beau mais étonnamment séduisant. Casanova avant l’heure, le petit marquis de Péguilin, Antonin Nompar de Caumont, futur duc de Lauzun,  conquit le coeur – farouche – de la grande Mademoiselle,  (vieille) fille de Gaston d’Orléans, autant éprise de ce flambant et habile prétendant, son cadet de six ans qu’attachée à sa vertu et à une virginité …hélas, jamais révolue.

Ses frasques et impairs monumentaux, moments de gloire et de disgrâce, la faveur fluctuante qui le liait à Louis XIV,  font l’objet d’un ouvrage brillant, rocambolesque et palpitant jailli de la plume alerte de Jean-Christian Petitfils. Confrontant les mémoires et correspondances de ses contemporains aux sources historiques avérées, l’historien, spécialiste du Grand Siècle (cfr nos chroniques relatives à Louise de La Vallière, L’Affaire des poisons,..ainsi que la vingtaine d’ouvrages sur l’époque qu’il compte à son actif) restitue, avec force couleurs, les agissements et motivations de ce personnage aussi singulier, roublard, déconcertant qu’inventif et …attachant.

Loyal à ses heures, quand il s’agit de ne point trop abuser de la générosité amoureuse d’Anne-Marie-Louise d’Orléans,  duchesse de Montpensier (la grande Mademoiselle, cousine germaine de Louis XIV) ou de sauver Jacques II d’Angleterre, l’intrigant personnage est aussi  un opportuniste de première classe. Abattu à l’extrême, durant ses années de détention dans la forteresse de Pignerol (Alpes italiennes), il verra s’effondrer en l’espace d’une lamentable  minute une téméraire tentative d’évasion préparée depuis plusieurs années. Toujours il se remettra des coups durs,  opposant à ses contemporains une incroyable santé (et vigueur sexuelle) et  une longévité corollaire qui le verra s’éteindre à 90 printemps passés.

Un portrait d’une ….insolente séduction romanesque.

Apolline Elter

Lauzun ou l’insolente séduction, Jean-Christian Petitfils, biographie, Perrin, 1998.

Rendez-vous, samedi 14 mai prochain, pour la chronique du Masque de fer (Jean-Christian Petitfils), édition revue et augmentée en ce mois de mars 2011.

2 commentaires sur “Lauzun ou l’insolente séduction

  • Un petit Belge 7 mai 2011 at 10 h 42 min

    Suite à divers problèmes techniques (ah l’informatique…), j’ai été peu présent sur les blogs pendant une dizaine de jours. Aussi je viens de lire vos récents articles, intéressants comme d’habitude, mais je n’ai pas de remarque particulière à faire à leur sujet. Je vous souhaite un bon week-end ensoleillé et une bonne fête des mères.

  • Apolline Elter 7 mai 2011 at 22 h 43 min

    Ravie de vous réentendre et d’apprendre ainsi la résolution de vos soucis informatiques (les nombreux et fidèles internautes de votre pblog – Journal d’un petit belge – ont dû se sentir bien orphelins durant cette période.
    Un grand merci pour vos commentaires si avenants qui me touchent
    Bien cordialement,
    Apolline

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