Il est de ces livres que vous entamez par courtoisie:
Parce qu’une amie vous l’a offert
Que son amitié vous est chère.
Puis, sans y prendre garde, vous vous sentez happée par le propos, le souffle chaud qui parcourt les pages et vous enveloppe de bienfaisance, au rythme de phrases longues mais heureusement rythmées.
L’annonce, c’est cela.
Scellant sa vie à celle de Paul, agriculteur à Fridières, dans le Cantal, Annette quitte Bailleul et emmène Eric, son fils de 11 ans. Le couple s’est connu par le biais d’une annonce.
» Il faudrait montrer, se montrer, vouloir, être voulue, s’empoigner, au-dessus, loin, loin de la fatigue épaisse du vivre; Annette avait lu l’annonce de Paul chez le dentiste, elle n’y serait pas allée pour elle, elle attendait Eric, elle était seule dans une petite pièce jaune et confinée. »
Il s’agit pour Annette de « refaire » sa vie, de la mouler dans le rituel tracé de celle de Paul.
La caméra se focalise dès lors sur les âmes: Nicole, la revêche, soeur de Paul et son lien comme ombilical avec l’étable et les bêtes, Louis et Pierre, les oncles octogénaires, que l’on prendrait pour des jumeaux, Eric, « Qui grandissait, pâle, indécis, et tout retiré en lui-même, doux, tendre encore; « …..avec force descriptions, propices à l’introspection.
Une écriture belle et subtile, harmonieusement coulée , à la manière d’une Alice Ferney (L’élégance des veuves).
Une lecture vivement recommandée.
Apolline Elter
L’annonce, Marie-Hélène Lafon,roman, Buchet-Chastel, décembre 2009, 196 pp
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