» Que mon âme se trouve dépaysée en ce monde de soutanes. »
Avec sa houppe et sa soutane élimée, Arthur Mugnier (1833-1944) semble infirmer l’étiquette d' »abbé mondain » qui colle à son sacerdoce. Passionné de lettres, épris des génies de Châteaubriand, Georges Sand, Joris-Karl Huysmans, ami des comtesses Greffulhe, de Noailles, de Castries, .. de la Princesse Marthe Bibesco, de Jean Cocteau, le prêtre est la coqueluche du Tout-Paris, affiche de déjeuners en dîners, son sens inaltérable de l’écoute et de la répartie : » Jamais prêtre ne mangea plus en ville que moi. Je dissipe mon âme à pleine assiette. »
Un peu trop ouvert d’esprit pour sa hiérarchie, prompt à la sympathie, l’enthousiasme et… l’imprudence, l’abbé Mugnier se fourvoie parfois. Mais il faut avoir l’esprit retors – les jaloux l’ont qui l’offenseront – pour chercher querelle à un homme qui n’est que bienveillance, indulgence plénière.
S’il se complaît au sein d’un milieu qui n’est pas celui de ses origines – modestes – le bon abbé n’en oublie pas pour autant les êtres pauvres, esseulés. Il consigne ses nombreuses et précieuses observations en un Journal désormais célèbre, adoucissant les rigueurs d’un sacerdoce effectué loyalement par l’assouvissement de ses passions pour la Nature, les voyages, la culture, la rencontre de l’Autre.
La sainteté peut donc être mondaine et …sympathique.
Biographe de notre chère Sophie de Ségur, Ghislain de Diesbach signe là un portrait des plus attachants.
Apolline Elter
L’Abbé Mugnier, Ghislain de Diesbach, biographie, Ed. Perrin, 2003 ( réédition en coll. Tempus, 2013, 404 pp
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