La vie meilleure

 » Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux »

Cette formule ne vous est pas inconnue: elle évoque à vos esprits tendrement sceptiques, la fameuse Méthode Coué

Celle de l’autosuggestion positive, entendu que notre esprit ne capte pas les formules négatives : le « Je n’ai pas peur », se traduisant en son contresens de « (J’ai) peur »

Celle de la répétition inlassable de mantras – positifs, je le répète – qui touchent, percutent votre imagination jusqu’à ce que votre cerveau et, si possible les circonstances, en admettent la réalité

Les temps évoluent, le vocabulaire aussi; nombre « coachings », systèmes de pensée positive s’inspirent aujourd’hui encore de l’esprit d’Emile Coué, sous une terminologie adaptée

Accompagnons la démarche d’Etienne Kern, à la recherche, la rencontre d’un homme pétri d’altruisme Emile Francisque Exupère Coué né à Troyes le 26 février 1857 et décédé à Nancy, le 2 juillet 1926, fils unique de Catherine et Exupère Coué (de la Châtaigneraie) – je ne me lasse décidément pas d’évoquer le prénom de son père, un père sévère qu’Emile n’arrive pas à satisfaire. Et parfois Exupère s’exaspère.

Un homme qui évoque à l’auteur sa marraine, Irène et le couple qu’elle formait avec André

Nanti d’un diplôme d’apothicaire, Emile aurait élaboré les fondements de sa « Méthode » vers 1884 -1885 en fournissant à une patiente un placebo constitué de sucre, d’eau et de colorant.

Et cela fonctionne

Alors Emile s’enflamme d’enthousiasme, des découvertes de Bernheim, Ambroise Liébeault, relatives à l’hypnose, élabore sa méthode en aidant gracieusement des personnes en souffrance

Sa maison de la rue Jeanne d’Arc à Nancy constitue un havre d’accueil pour celles-ci

Il ne croit pas aux miracles mais à la simple vertu de l’accompagnement

Soutenu de Lucie Lemoine, son épouse – le couple n’aura hélas pas d’enfants  – Emile atteint une renommée mondiale, après la Grande Guerre  et la publication à compte d’auteur, en 1921 de La maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente, Un véritable best-seller qui lui vaudra des  tournées de conférences en Europe et Outre-Atlantique

Un roman vibrant, impliqué. Captivant

Apolline Elter

La vie meilleure, Etienne Kern, roman, Ed. Gallimard, septembre 2024, 192 pp

Billet de faveur

AE : Emile Coué était avant tout un altruiste – c’est en cela que sa personnalité vous ramène à celles d’Irène et d’André –  animé d’un esprit de gratuité et de la sincère volonté d’aider les personnes en  souffrance ; il eût pu tirer de grands gains de ses trouvailles et de la confiance que lui portaient les « patients »

Etienne Kern :Emile Coué, effectivement, pratiquait ses séances de cure gratuitement. Il est vrai qu’il donnait aussi des conférences payantes et vendait une petite brochure, mais l’argent, d’après les témoignages, était reversé à des organisations caritatives ou servait au financement d’ « Instituts Coué » dans le monde. Il y avait indéniablement un réel altruisme chez cet homme. Quant à Irène et André, il s’agissait pour moi d’ouvrir mon livre à quelque chose de plus grand que mon livre : l’amour. Je crois, comme le disait Roland Barthes, que le roman peut être le lieu où l’on « célèbre les gens qu’on aime ».

 AE : Quelle discipline ou quelle personnalité actuelles vous paraissent les plus proches d’Emile Coué ?

Etienne Kern : Si la méthode Coué, en elle-même, est relativement oubliée aujourd’hui, de nombreuses pratiques contemporaines reprennent les intuitions d’Emile Coué. C’est le cas, par exemple, de la sophrologie. Coué est plus généralement l’un des précurseurs du développement personnel. Mais j’aime à penser que, dans un tout autre domaine, tous les romanciers sont proches, d’une manière ou d’une autre, d’Emile Coué : au fond, quand on écrit, on mise tout sur le pouvoir des mots et l’imagination…

 

 

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