Il sera dit que, cette année, nous examinerons d’un oeil amène mais dénué de naïve complaisance, les publications frappées d’un prix littéraire (de prestige s’entend).
But avoué: y aller de notre perception perso, vous encourager (ou dissuader..) à les découvrir et plus, si affinités.
Penchons-nous sans tarder vers le roman de Joël Dicker, primé du prestigieux prix de l’Académie française.
Sorte de roman-gigogne, de mise en perspective abyssale (pensez aux boîtes vache-qui-rit, qui présentent une vache qui rit, arborant à son oreille une boîte vache-qui-rit laquelle arbore une boîte vache-qui-rit, et se décline ainsi en une suite infinie…) , le roman du jeune auteur genevois déroule le long fil d’écriture d’un jeune romancier à succès – Marcus Goldman – en proie à une abyssale panne d’écriture…
Il s’en va retrouver Harry Quebert, son professeur d’Université, ami et maître à penser, qui lui inculque, en exergue de 31 chapitres numérotés à rebours, les précepts de l’écriture vraie.
» Au fond, Harry, comment devient-on écrivain?
– En ne renonçant jamais«
» Les mots sont à tout le monde, jusqu’à ce que vous prouviez que vous êtes capable de vous les approprier. Voilà ce qui définit un vrai écrivain. »
La quête se double d’un drame, trame d’un thriller ficelé de multiples rebondissements: Harry Quebert est tout bonnement soupçonné d’avoir tué, trente-trois ans auparavant, Nola Kellergan, une jeune fille de quinze ans, dont il était éperdument amoureux.
Pris au jeu d’une enquête et de retournements de situation habilement rythmés, Marcus Goldman entreprend de disculper son mentor, recouvrant de la sorte la fièvre d’écriture dont il avait été privé.
« Le danger des livres, mon cher Marcus, c’est que parfois vous pouvez en perdre le contrôle. Publier, cela signifie que ce que vous avez écrit si solitairement vous échappe soudain des mains et s’en va disparaître dans l’espace public »
Affrontant les écueils d’une telle entreprise et de nombreux détracteurs, le narrateur saisit le lecteur aux rets d’un imbroglio à traction capillaire légèrement excessive…Mais comment en vouloir à l’écrivain qui vous tient en haleine quelque 670 pages durant….
« Un bon livre, Marcus, est un livre que l’on regrette d’avoir terminé«
Ne boudons dès lors pas le plaisir d’une lecture plaisante même s’il ne répond pas d’emblée à notre conception des palmes académiques.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert, Joël Dicker, roman, Editions des Fallois / L’Age d’Homme, août 2012, 670 pp, 23 €
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