Oserais-je un avis tranchant sur le sujet: ce « roman vrai » par trop bavard, eût gagné d’être allégé de moitié. Simple question d’embonpoint.
A la ligne
Son argument est intéressant, traité avec une méticulosité absolue, célébrant, à sa manière, le centenaire de la naissance de l’écrivain Georges Arnaud (1917-1987) concepteur du Salaire de la peur, rendu célèbre par son adaptation cinématographique, le trentenaire de son décès et une tentative de résolution d’un triple et sanglant meurtre perpétré fin octobre 1941 dans le château d’Escoire (Dordogne)
Mais encore.
Nous sommes le matin du 25 octobre 1941
Le futur Georges Arnaud, nommé alors Henri Girard contacte les services d’urgence: un triple meurtre a été commis durant la nuit – un massacre à la serpe – qui a entraîné la mort atroce de Georges Girard, son père, de sa tante Amélie et de la bonne, Louise Soudeix. Seul rescapé , Henri fait illico figure de suspect : il a emprunté la serpe assassine à Yvonne, une voisine; rien n’a été volé dans le château, lequel n’a subi aucune trace d’effraction… Il paraît, en outre, peu mortifié à l’évocation des faits
Magistralement défendu par l’avocat Maurice Garçon , Henri Girard est acquitté, le 3 juin 1943, après avoir purgé dix-neuf mois de prison préventive.
Le jeune homme de 26 ans va dès lors changer de nom, de vie,pourfendre les injustices, défendre la veuve et l’orphelin, …sans que jamais ne soit élucidée la vérité de la fatale serpe.
Ami d’Emmanuel Girard, petit-fils d’Henri, Philippe Jaenada enfourche une voiture de location – aux pneumatiques incertains – se fend d’un séjour d’investigation dans les lieux mêmes des faits -savourant le confort moelleux des oreillers de l’hôtel Mercure – examinant du microscope impitoyable d’un Cluedo ..puissance 4 tous les éléments du dossier Henri Girard et nous propose une résolution nouvelle de l’affaire, dûment, croyez-m’en, étayée d’argumetns.
Est-ce à dire que Philippe Jaenada est dépourvu d’esprit de synthèse? Que du contraire. le résumé parfait de ce portrait, vous le trouvez, p 141
Une drôle de vie, avec le recul. Ce que j’en sais, je l’ai appris dans les livres. Sale gosse, sale type, des claques, insupportable, il ne mue, instantanément, qu’en anéantissant la fortune familiale, et se transforme en nomade combatif qui ne possède rien et vient en aide à ceux qui en ont besoin. Un bon gars, finalement.
Il ne vous reste dès lors que 507 pages à savourer.
A Elter
La serpe, Philippe Jaenada, roman, Ed Julliard, août 2017, 648 pp
Roman attributaire, faut-il le rappeler, du Prix Femina 2017
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