La Religion du poignard

La Religion du poignard

 

 

13 juillet 1793 : Charlotte de Corday d’Armont, 24 ans, assassine, d’un coup de couteau, Jean-Paul Marat, « qui marinait à demi nu dans une baignoire où il essayait vainement de calmer un eczéma géant. »

De sa plume tranchante, au  style alerte et vivant, Michel Onfray nous peint les portraits comparés de L « Ami du peuple »,  usurpateur et brute sanguinaire de première classe – Jean-Paul Marat –  et d’une jeune Normande,  nourrie des lectures héroïques de la Rome antique,  éprise de justice et  de principes républicains, sublime Charlotte Corday, qui par son geste, pensait « tuer un homme pour en sauver cent mille. » 

C’est également  un tableau haut en couleurs –   avec barbecue cannibale guise d’entrée – du climat délétère de l’époque que Michel Onfray nous offre, des prémisses de la Révolution aux insurrections sanglantes savamment orchestrées par un Régime de Terreur. L’éclairage en est captivant. L’éloge de Charlotte Corday, déclarée :

 « Elle montera fièrement les marches de l’échafaud, épousant la mort comme une veuve de naissance qu’elle savait devoir être. Elle avait épousé le sublime dans l’Histoire. »

 Des conséquences de  ce geste « politiquement nul, mais moralement sublime », l’auteur tire une analyse historique intéressante: «  Je ne suis pas de ceux qui accablent Charlotte et jugent son geste inutile, je pense en revanche qu’elle ne peut être rendue responsable de ce que les autres ont fait de son geste : c’est-à-dire rien. Qu’aurait été l’appel du 18-Juin si personne n’avait emboîté le pas au Général de Gaulle ? »

 L’ouvrage est court, la tension narrative incite à une lecture en un jet. Je vous la conseille absolument.

 Apolline Elter

Coup de coeur.

 

La Religion du poignard. Eloge de Charlotte Corday, Michel Onfray, Editions Galilée, février 2009, 82 pp, 15 €.