» Dire qu’un vulgaire bout de papier chiffonné a eu le pouvoir de déterrer une amnésie factice que je plombais sous la graisse. J’ai cru pouvoir tout enfouir. Je pensais que manger rendrait le reste dérisoire«
Polyphonique, le nouveau roman d’Isabelle Bary explore, par les voix de Grâce, jeune femme obèse, abandonnée par ses parents biologiques, Laure sa soeur « adoptive », aînée et journaliste – de l’intérieur– Paul Schmidt, maître d’équitation et Nono, SDF, les possibilités qu’ont les rencontres de changer le destin.
C’est ainsi que Nono sortira Grâce de son engluement existentiel et adipeux, que Laure entraînera Paul, réfractaire à la lecture, à la rencontre des Indiens du Chiapas (Mexique), en quelques épisodes d’un récit fait de chair et de salive.
Plusieurs thèmes se croisent, interagissent et s’entremêlent sous la plume féconde de l’auteur: passions des livres et des chevaux, voyage initiatique auprès d’une population en marge de notre civilisation, rencontre déterminante avec un SDF… en marge de notre société, amour, obésité,…jaillissent et s’entrechoquent en un bouquet de possibles.
« Voilà, je savais maintenant, la tribu, la prophétie du jaguar, puis le secret de Ganaël, marié à quelque chose de trop grand. Mais j’en voulais encore. Pourquoi n’avait-elle pas écrit tous ces mots balancés en l’air? Une jeune journaliste perdue au milieu d’un bout de forêt inexploré du Mexique, prenant à coeur le destin d’une tribu menacée jusqu’à en perturber le sien, ça s’écrit, ce genre de choses, non? Voilà que je réclamais du livre à présent.. »
Une « prophétie du jaguar » qui résonne comme une main tendue vers cet autre dont on s’apprête à bouleverser la vie.
Apolline Elter
La prophétie du jaguar, Isabelle Bary, roman, ed. Luce Wilquin, février 2011, 282 pp, 22 €
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