Quatrième et dernier volet de la série Les Bâtisseurs du ciel (Le Secret de Copernic, La Discorde céleste et L’Oeil de Galilée) l’ouvrage de Jean-Pierre Luminet dresse le portrait singulier d’Isaac Newton (1642- 1727) , « l’ours de Cambridge qui avait des coquetteries un peu pathétiques de vieux fat portant beau, avec ses jabots et ses dentelles bouffant partout hors de son habit cramoisi aux parements dorés, sa lourde et haute perruque blonde et bouclée dissimulant son crâne dégarni par le soufre et le mercure de ses expériences chimiques. »
Né un 24 décembre (1642) le génial astrophysicien, mathématicien, alchimiste….se sent rapidement investi d’une mission de… Messie, ultime prophète appelé à traduire le sens des Ecritures, à révéler aux hommes le principe des forces qui régissent l’Univers.
Vaniteux, ombrageux, volontiers paranoïaque, d’une honnêteté intellectuelle discutable quand il s’agit de reconnaître une antériorité de pensée, ennemi de Hooke et de Descartes – il n’aura de cesse de dévoiler les failles et de faire effondrer un système de pensée jugé trop peu mathématique – Isaac Newton laissera à la postérité, à défaut de descendance, ses découvertes et synthèses révolutionnaires en matière d’optique, de calcul infinitésimal et de science de l’Univers. Les publications majeures de De motu Corporum in Gyrum, L’Optique et Philosphiae Naturalis Principia Mathematica fonderont les nouvelles théories des forces de gravitation universelle, de la lumière et des couleurs et des principes mathématiques qui régissent l’univers.
Fort de sa double qualité d’astrophysicien et de romancier, Jean-Pierre Luminet signe un ouvrage prodigieusement passionnant qui éclaire, de façon agréable, la compréhension de théories et d’une personnalité pour le moins complexes.
Le jeune Voltaire se fend d’un épilogue qui situe les systèmes de pensées cartésiens et newtoniens dans une perspective politique pro-britannique:
« Mais ma raison, elle, choisit votre gouvernement et vos églises, qui ont compris que la prospérité de leurs sujets et de leurs ouailles ne peut être assurée que quand les philosophes et les géomètres ont toute liberté de bâtir et d’enseigner l’univers. A Londres, Descartes aurait connu son apothéose. A Versailles, on aurait pendu Newton. La France tend la coupe de ciguë à Socrate, l’Angleterre la couvre de lauriers d’or. »
Une annexe fait suite au roman qui présente la table des principaux personnages historiques contemporains de Newton: Nicolaus Mercator, Robert Hooke, John Flamsteed, Isaac Barrow (son prédécesseur à la chaire lucasienne du Trinity College (Cambridge), Leibniz.. , suivis de schémas comparant les systèmes du monde, de Copernic à Newton et clôt -provisoirement – la mission d’instruire en divertissant que s’est assignée l’auteur, au grand bénéfice de ses lecteurs.
Un ouvrage de valeur.
Apolline Elter
La perruque de Newton, roman, Jean-Pierre Luminet, JC Lattès, mars 2010, 354 pp, 20 €
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