La nuit de Maritzburg

La nuit de Maritzburg

 » Il arrive que le destin d’un homme bascule en un jour, quelque part, à un moment précis de son existence. Cela se passa à Maritzburg »

Ejecté d’un train, pour seul motif racial, le jeune avocat Mohandas Karamchand Gandhi passe la nuit du 4 juin 1893 , dans la salle d’attente de la gare de Maritzburg, en Afrique du Sud. Cette humiliation contient les germes de sa « sarvodaya« , son  combat existentiel pour l’égalité raciale au sein d’une société en croissance continuelle

Placé sous la plume d’Hermann Kallenbach, un architecte juif allemand, le grand ami qui accompagna dix des quelque 23 années que le Mahatma passa en Afrique de Sud, le récit trace le portrait d’un être sidérant, illuminé, intransigeant , ascète sur les plans de la nourriture et de la sexualité, doté d’un pouvoir de conviction implacable, paradoxe vivant d’une lutte aussi dénuée de concession que de violence, pour le respect de toutes les factions de la société.

Un roman fascinant.

Apolline Elter

La nuit de Maritzburg, Gilbert Sinoué, roman, Ed. Flammarion, mars 2014, 452 pp, 21 €

 

Billet de faveur

AE :  Le portrait que vous tracez du futur Mahatma est époustouflant. Il fait montre d’une intransigeance surprenante envers son épouse, Kasturba et ses quatre enfants et même Hermann Kallenbach, son ami.  Vous écrivez, par voix du narrateur, qu’il fut lui-même « son pire adversaire » : qu’entendez-vous par là ?

Gilbert Sinoué : Gandhi a dû lutter toute sa vie contre ses démons intérieurs : sa libido démesurée entre autres. Il a dû aussi lutter contre sa tendance à culpabiliser systématiquement son entourage, sans jamais vraiment réussir.