« S’il faisait beau, nous allions nager dans le Loing ,juste sous le pont de Grez – c’est peut-être là-bas que les choses ont commencé à dégénérer. Ou alors, rien n’a jamais dégénéré. Peut-être que c’est ça, le fond de cette histoire: rien pour mon frère n’a jamais dégénéré; tout n’a fait que continuer à se générer. «
Quelque vingt ans après, Olive revient sur son enfance, la complicité qui la lie à David, son jumeau, la séparation qui fracasse leur union, après une nuit, LA « nuit de malheur », l’année de leur dix ans
Ce qui se passe ce minuit-là, vous le découvrirez; ce qui se joue, avant, vous le comprendrez avec effarement.
« Tu es né diable, tu es né comme ça, tu es né comme ça criait Maman. Il recevait ainsi crachée du haut de notre mère la fausse tragédie de sa naissance. Ces cris-là n’ont pas laissé de trace visible mais je crois qu’ils ont infesté les murs. »
Taxé d’enfant ingérable par son entourage: une grand-mère interventionniste, un père soustrait, une mère décontenancée, excédée et rendue malveillante, David se complait de rebellions, de comportements inadaptés socialement, de sautes d’humeur et d’obsessions
Seule sa soeur apporte fraîcheur et luminosité dans leur quotidien et le récit qu’elle en fera deux décennies plus tard, nous invitant à considérer David par le prisme de l’enfance plutôt que celui de la médication
Porté par un souffle et une tension d’écriture remarquables, le roman est d’atmosphère, tragique, douloureux, beau, vibrant et percutant, à en couper… le souffle
Apolline Elter
La nuit de David, Abigail Assor, roman, Ed. Gallimard, août 2024, 180 pp