La nostalgie heureuse

« Tokyo, c’est d’abord un rythme: celui d’une explosion parfaitement maîtrisée. Quand on y revient après une longue absence, on doit s’isoler quelques secondes en une sorte d’apesanteur pour réaterrir dans le tempo. Dès que les pieds sentent la pulsation, on y est. »

C’est  tradition sur notre blog: toujours nous ouvrons la rentrée littéraire par la chronique du nouvel Amélie Nothomb.

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 Notre compatriote, célèbre romancière, prolixe épistolière, chère au Pavillon et à des millions de lecteurs ne manquerait son rendez-vous de la rentrée, sous aucun prétexte. Une hygiène de vie…et de courtoisie.

Quelle est donc cette nostalgie heureuse, cette natsukashii proustienne, qui saisit la narratrice de ce récit d’inspiration largement biographique ? 

« Je n’avais plus mis les pieds au pays du Soleil levant depuis décembre 1996. Nous étions en février 2012. Le départ était fixé au 27 mars »

Invitée par une équipe de télévision française à réaliser un reportage sur le Japon, terre de sa prime enfance, la narratrice sera percutée de plein fouet par un tsunami de souvenirs, de sensations, d’émotions difficiles à gérer.

« Tout le monde connaît cette expérience cruelle: découvrir que les lieux sacrés de la haute enfance ont été profanés, qu’ils n’ont pas été jugés dignes d’être préservés et que c’est normal, voilà. »

Retrouvailles avec Nishio-san,  sa nounou, Rinri, son ex-fiancé, son pays d’adoption,  génèrent chez cette prêtresse du paradoxe, de l’hyperbole, une foule d’observations, un  déferlement d’affects sitôt décortiqués, soupesés, analysés, étudiés,  calfeutrés, …avec une précision chirurgicale et cette courtoisie nippone, teintée d’humour, de dérision,  qui fait le sel de son écriture.

«  Si je suis japonaise, c’est en cela: quand je sens que ma réaction émotionnelle va être trop forte, je me raidis. Mon corps rigide déambule dans la rue. On tend le micro vers moi, je dis une formule creuse sur l’écoulement du temps. »

Au bonheur de lecture s’ajoutera la sensation d’avoir partagé un moment vrai, une conversation de l’âme avec la narratrice.

Apolline Elter

La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb, roman, Ed. Albin Michel, août 2013, 156 pp, 16,5 €

Voici une information d’agenda que je me fais un plaisir de relayer à votre intention:

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 A l’occcasion de la parution de son nouveau roman La nostalgie heureuse, France 5 rediffusera le 19 septembre à 21h40 le documentaire de la collection Empreintes qui lui a été consacré, intitulé Une vie entre deux eaux. Diffusé pour la première fois en octobre dernier, réalisé par Laureline Amanieux et Luca Chiari, le film suit Amélie Nothomb au Japon sur les traces de son enfance – un voyage intime et émouvant qui lui a inspiré son nouveau roman. 

2 commentaires sur “La nostalgie heureuse

  • Un petit Belge 2 septembre 2013 at 18 h 09 min

    D’Amélie Nothomb, j’aime certains, et pas des autres. Cela varie très fort d’un an à l’autre. Mais comme j’ai apprécié « Stupeur et tremblements » et « Ni d’Eve, ni d’Adam », je devrais aimer celui-ci, non?
    Bonne rentrée littéraire et bonne semaine Apolline.

  • Apolline Elter 2 septembre 2013 at 18 h 11 min

    Je le pense en effet car il est question du Japon, pays qui tient à coeur et âme de notre célèbre romancière. Bonne rentrée à vous! Apolline

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