« Vinrent les jours froids et lumineux qu’avant Babette aimait tant, ils étaient pour elle le joyau de l’hiver, mieux que le cœur. Dix, quinze degrés au-dessous de zéro au petit matin, la neige glacée qui crépitait sous les semelles,(…) »
Le Festin de Babette – hommage avéré à la nouvelle de la célèbre Karen Blixen (1958) – est un restaurant d’altitude, dans le val d’Aoste, où se retrouvent pisteurs et skieurs, autour de tables fumantes, roboratives et généreuses.
Situé à Fontana Fredda, il est ouvert durant la saison de ski, géré depuis 35 ans par une femme amène, surnommée…Babette.
S’y rencontrent , en cuisine, Fausto, écrivain quadragénaire, en rupture de couple et d’argent et au service à table, Silvia, une jeune et ravissante bourlingueuse de 27 ans.
Tous deux sont épris de montagne, de sommets… et rapidement, l’un de l’autre…
Et puis, en filigranes, l’ombre du loup
« Le bandit débarqua à Fontana Fredda précisément quand le garde n’y était pas. Il arriva de l’est, par le col de la Finestra, avant qu’il ne fasse jour : c’était un loup solitaire qui rôdait de vallée en vallée, restant dans les bois et ne traversant les routes que si nécessaire, toujours de nuit. »
Nourri de références livresques,- Blixen, Hemingway, Hokusai… – de belles, éloquentes descriptions, d’une attention tangible aux saisons, d’un amour et d’une connaissance sensibles de la montagne, ce roman d’atmosphère lui fait hommage.
Et nous envoûte d’une… félicité bienfaisante
« Fontana Fredda était faite à parts égales de réalités et de désirs. Et autour de Fontana Fredda la montagne existait, parfaitement indifférente aux rêves de ces êtres humains, et elle continuerait d’exister à leur réveil »
Apolline Elter
La félicité du loup, Paolo Cognetti, roman traduit de l’italien par Anita Rochedy., Ed. Stock, septembre 2021, 216 pp