La douceur

Invité à Constantia (Australie) pour couvrir la vingt-troisième convention mondiale de la Rose, le narrateur, journaliste, se prend de fascination pour May de Caux, présidente française de la Fédération internationale et de sympathie pour Barbara, une consoeur allemande.

Distante et lisse – elle préserve son coeur –  fragile, tel un pétale de rose, aristocrate de naissance et de convictions, May  tente de survivre aux épines résurgentes  d’un douloureux séjour de neuf mois –  de juillet 1944 à fin avril1945 – derrière les barbelés de Ravensbrück, camp de concentration nazi; La jeune fille de vingt ans avait été arrêtée pour faits de résistance.

Aidée de Paul, son mari, de l’approche tout en tact et… douceur, du journaliste français et de sa consoeur, résolus à publier son témoignage,  May délivre peu à peu le récit de l’enfer enduré. Ce faisant, elle se libère, progressivement et partiellement, d’images insoutenables, aliments toxiques d’angoisses récurrentes.

« . Là, c’est pour expulser des images de souffrance. Comme un enfant mort-né. »

La sobriété du récit, la pudique pureté de sentiments élevés en rendent la lecture percutante.

Elégante.

« La justice, la douceur existèrent bien à R., mais enfouies dans le cœur de quelques détenues qui firent de leur mieux pour donner à ces mots une réalité. »

Une analyse fine de la possibilité de (re)naître à la vie après un traumatisme majeur.

Et de vivre une relation conjugale, aimante, pérenne et belle.

Une leçon de savoir-(sur) – vivre

Apolline Elter

La douceur, Etienne de Montety, roman, Ed. Stock, janvier 2023, 270 pp

Billet de faveur

AE : Derrière le portrait de May de Caux se révèle celui de Lily de Gerlache (1923-2020), notre compatriote, résistante et femme d’exception elle aussi. L’avez-vous rencontrée ? Dans quelles circonstances vous êtes-vous intéressé à sa vie ?

Etienne de Montety : J’ai souvent rencontré Lily de Gerlache à laquelle ma femme est apparentée. Sa stature, sa densité historique m’intimidaient beaucoup et nous n’avons eu ensemble que des conversations d’ordre général, dans le cadre familial.

Ses obsèques eurent lieu près de Mullem en mars 2020. Pendant la cérémonie fut mis en exergue sa double expérience de la déportation et d’un engagement dans le monde des roses. Cette concomitance m’a séduit, poursuivi et il m’a semblé soudain qu’elle dessinait l’histoire d’une femme revenant à la vie par le moyen de la beauté et de l’amour, ce que j’ai enveloppé dans un mot : la douceur.

 

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