« Jusqu’ici nous sommes dans le drame. Le drame qui, semblable à une météorite projetée à toute vitesse, frappe de plein fouet nos existences et les propulse hors du temps sur orbite par-delà l’imagination. Nous sommes dans le surgissement inopiné de l’irrationnel, confrontés à cette fatalité nichée au cœur de notre condition humaine, qui veut que le pire puisse arriver à chaque instant. Un accident technique, un avion qui disparaît des radars trois minutes après le décollage et s’écrase à des dizaines de kilomètres de l’aéroport. Cent soixante-seize personnes à bord. Aucun survivant. Hébétés, à l’affût de la moindre information, nous nous accrochons à ce que disent les autorités du pays concerné, les journalistes, les envoyés spéciaux, les porte-parole des institutions, debout derrière le micros, le visage empreint de solennité, énumérant les premières constatations. Avec ce genre de catastrophe, le canal est d’abord officiel, il faut s’en remettre à la version annoncée »
Le drame c’est celui de l’écrasement du Boeing 737 ukrainien reliant Téhéran à Kiev, abattu en plein vol, le matin du 8 janvier 2020. Parmi les victimes se trouve Niloufar Sadr, cousine de l’auteure. Elle devait regagner Toronto où elle résidait. S’était démenée pour obtenir la « dernière place » à bord de ce vol tragique et fatal.
Négar Djavadi nous raconte Niloufar, nous raconte l’Iran, son histoire mouvementée et les détails d’une vaste investigation pour comprendre le drame.
« Plus l’édifice des mensonges s’effrite, plus les faisceaux qui s’en échappent convergent et pointent vers la même direction: l’intentionnalité. »
Une investigation teintée d’hommage et d’affection.
Apolline Elter
La dernière place, Négar Djavadi, récit, Ed. Stock- Des nouvelles du réel août 2023, 290 pp