« Je suis Mouammar Kadhafi. Cela devrait suffire à garder la foi.
Je suis celui par qui le salut arrive.
Touchez donc mon coeur; il cadence déjà la débandade programmée des félons…
Dieu est avec moi! «
Traqué par les rebelles lybiens, trahi par un peuple dont il ne veut que le bien – du moins en est-il convaincu – Mouammar Kadhafi vit ses dernières heures, le 19 octobre 2011. L’écrivain Yasmina Khadra a décidé de se fondre dans la peau du colonel, dans son for intérieur, pour nous tracer sa dernière nuit, les sentiments d’orgueil bafoué, d’optimisme forcené, de trahison, d’amertume qui furent siens, au fil d’heures de plus en plus menaçantes
Caché en au coeur d’une école désaffectée dans un district de Syrte, « la ville de { son ) adolescence, berceau de (sa) révolution « le « frère Guide » passe sa vie en revue – ses origines bédouines – ainsi que sa relation aux rares proches qui lui sont restés fidèles.
» Un jour vous êtes idolâtré, un autre vous êtes vomi; un jour vous êtes le prédateur, un autre vous êtes la proie. Vous vous fiez à la Voix qui vous déifie en votre for intérieur puis, sans crier gare, les lendemains vous découvrent dissimulé dans un coin, nu et sans défense, et sans l’ombre d’un ami. »
Convaincu de l’ingratitude des rebelles, le Raïs ne se départit pas de sa superbe, endure les pires sévices , humiliations, jusqu’au coup de feu fatal.
» Je ne suis plus de chair et de sang, je suis la tragédie, la mise à mort, elle-même «
Apolline Elter
La dernière nuit du Raïs, Yasmina Khadra, roman, Ed. Julliard, août 2015, 216 pp
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