« Tu sais, ma fille dit que ce qu’il y a de plus important dans un livre, c’est la dédicace. Il y a des phrases comme ça, elles sont tragiques. On ne voudrait jamais les entendre.’
Alors qu’elle s’apprête à publier son premier roman, la narratrice se voit enjoindre de lui trouver… une dédicace.
L’injonction n’est pas anodine, qui la ramène à la vacuité de sa vie, à la relation déficiente avec sa mère et même une grande partie de l’Humanité.
Un compte à rebours s’installe – elle a trois jours pour rendre sa copie – qui promène son regard désenchanté, corrosif, sur son quotidien parisien et la forme de bizutage que constitue sa participation à la foire du livre de Brive-la-Gaillarde.
Décalé, pétri d’autodérision, d’images et de formules efficaces le roman révèle une plume déjà bien maîtrisée
Une auteur à suivre
Apolline Elter
La dédicace, Leïla Bouherrafa, roman, Allary Editions, janvier 2019, 290 pp
BILLET DE FAVEUR
AE: Ecrit par une primoromancière presque trentenaire, le roman présente bien des similitudes avec votre situation:
Partagez-vous cette « vérité » qui fait dire à la narratrice, pour évoquer la genèse de sa publication » . – Un jour, j’ai lu un livre très mauvais. Vraiment, très mauvais. Je me suis dit que s’il avait été publié, je pourrais l’être aussi. «
Leïla Bouherrafa : Oui, tout à fait. J’écris depuis longtemps mais je n’ai jamais fini aucune des histoires que j’ai commencées. Quand j’ai commencé à écrire La dédicace, je ne pensais pas du tout à la publication, c’était surtout un défi que je me lançais à moi-même : essayer d’aller au bout des choses. De plus, mon père commençait vraiment à croire que j’étais mythomane à force de lui dire que j’écrivais sans que jamais il ne voit le bout d’une histoire. Je n’avais plus vraiment le choix. Puis, pendant l’écriture de La dédicace, j’ai lu un premier roman qui avait été encensé par la critique et avait même reçu un prix. Moi, il m’avait laissé totalement de marbre. Je n’avais pas compris l’engouement. À vrai dire, je l’avais même trouvé mauvais. C’est à partir de ce moment seulement que j’ai pensé à la publication et à me dire que s’il avait été publié, je pourrais l’être aussi. Et je l’ai été. Ce serait drôle que mon roman provoque chez quelqu’un le même effet. Ça ferait une belle histoire à raconter…On l’appellerait Le déclic.