La dame à la lampe

 

20 août 1910. Tandis qu’il assiste à l’enterrement de Florence Nightingale, au cimetière St Margaret, East Wellow, Jonathan Brink entreprend une vaste enquête posthume qui l’amènera à rencontrer les derniers témoins vivants de la célèbre « Dame à la lampe ».

«  Ce n’était pas une dame comme les autres qui venait de mourir. C’était un ange. (…) Celui qui leur avait rendu la dignité, la fierté. Et la raison d’être de leur vocation. »p 22

Particulièrement ingrat  et dégradant, le métier d’infirmière était jusqu’alors dévolu « aux laissées-pour-compte, (…) aux « femmes trop âgées, trop fragiles, trop souvent ivres et voleuses, trop laides pour pratiquer un autre métier. » p 22.

Renonçant  au schéma de vie aisée offerte par son milieu, au mariage,  Miss Nightingale n’aura de cesse, sa vie durant, d’améliorer les conditions de travail des infirmières et de soins prodigués aux blessés.  L’enquête de Brink nous dévoile les pans d’une personnalité complexe, impitoyable avec les siens, totalement dévouée aux malades dont elle « vivait «  la détresse et aux blessés parqués dans des mouroirs qu’elle  visitait, lampe à la main.

L’expédition en Crimée sera l’occasion de commentaires sidérants sur le traitement réservé aux rescapés des champs de bataille : « Les médecins étaient débordés. Ils opéraient à même le sol. Moi-même j’ai été amputé étendu sur un grabat et dans la pénombre car nous n’avions pas assez de lampes. Sans anesthésie. Le sol était gluant de sang et jonché de membres. Personne pour se préoccuper de nos douleurs. Atroces. De partout s’élevaient des cris et des gémissements. Le même bistouri était utilisé d’un blessé à l’autre. Toutes les opérations se déroulaient dans la salle où nous étions agglutinés. »P 167

Refusant toute intention hagiographique, Gilbert Sinoué signe une nouvelle enquête  historique captivante, percutante et sidérante.

            La Dame à la lampe. Une vie de Florence Nightingale, Gilbert Sinoué, Calmann-Lévy, avril 2008, 283 pp, 20, 2 €